Les vers d’Odette 4
Petite phrase
penché sur la nuit le poète
caresse les signes envahissants
coulée d’ombres enlacées
les mots d’être ainsi aimés
frissonnent
Odette Parisien, On entend toujours la mer
*choix de la lectrice de Ron Thomson
Petite phrase
penché sur la nuit le poète
caresse les signes envahissants
coulée d’ombres enlacées
les mots d’être ainsi aimés
frissonnent
Odette Parisien, On entend toujours la mer
*choix de la lectrice de Ron Thomson
Entre nous
joie et détresse
départs et retours
notre pas de deux
et dansent les marionnettes
Odette Parisien, On entend toujours la mer
*choix de la lectrice de Nicolae Tonitza
Ombres de mer
silence étale promesse de marée
l’homme s’enlise solitude
océan sans issues sans paroles
coule le sable de tes yeux
coquillages reflués
les filets sont vides de perles
les plants ont goût de corail
Odette Parisien, On entend toujours la mer
*choix de la lectrice de Violet Skiles
Château de sable
les vagues lourdes de la mer
recouvrent au passage
mon corps nu de toi
les joncs s’en vont
nulle part et partout
clapotis de l’ennui qui brise
clous de l’eau dans la cale déserte
ailes arquées de la mouette pleureuse
de quel nom cette peine nommer
Odette Parisien, On entend toujours la mer
*choix de la lectrice d’Alexander Hugo Bakker Korff
Mains
Touchez longtemps ce qui se touche
l’écorce, l’eau, l’herbe, la bouche,
avec l’ardeur au creux des doigts
touchez le chaud, touchez le froid,
pour en faire votre aventure
touchez la mer et la voilure,
le mont, la plaine au cri de blé.
Un soir touchez vos doigts usés
comme un drap où les corps roulèrent.
Touchez enfin, noces dernières
aux feux assourdis du couchant
vos souvenirs mêlés au vent.
Anne-Marie Kegels
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)
*choix de la lectrice de Jules Pascin
Quand un roman est pavé de bonnes intentions, il finit par agacer le lecteur, malgré toutes ses qualités et la richesse de ses personnages. C’est ce qui m’est arrivé à le lecture de Ma sœur est une luciole, le deuxième roman d’Hélène Lavery. Le sujet avait tout pour m’intéresser, pourtant, d’autant plus qu’il est rarement abordé dans la littérature, à savoir le syndrome de Down.
Tout commence par un oubli. Une simple étourderie. Mais de celles qu’il vaut mieux éviter quand on a une jeune sœur qui a un chromosome de trop. Oui, juste une toute petite erreur à ne pas faire. Sans code de sécurité activé, Nadia est libre de prendre la poudre d’escampette. Ce qu’elle fait, bien entendu, geste qui servira de déclencheur au roman que l’éditeur a bien pris soin de cataloguer comme « drame ». Et drame est le bon mot.
Car, comme si ce n’était pas assez d’avoir fait cette erreur, Élisabeth va aller de mal en pis à partir de ce jour-là, où elle sera réprimandée vertement par sa mère. Suivront la rupture avec son amoureux (qui trouve sa petite sœur bien trop envahissante), le match final de soccer perdu à cause d’elle (du moins croit-elle que c’est uniquement sa faute) et une tentative de suicide, suivie d’une thérapie.
Oui, je sais, ça fait beaucoup. Beaucoup trop. Mais bon, le problème n’est pas dans cet enchaînement, mais bien dans la manière de raconter tous ces événements. Ainsi, l’auteure ayant choisi d’écrire au « je » et de se glisser dans la peau d’Élisabeth, le lecteur ne comprend pas du tout pourquoi l’auteure a eu besoin d’un deuxième « je », soit celui du journal intime. Cette voix tellement identique en matière d’écriture qu’elle n’est que le prolongement linéaire de la narration n’apporte rien au roman.
Un travail d’édition aurait permis de gommer ce problème et l’aspect souvent moralisateur du roman, alors qu’un bon travail de révision aurait épargné le lecteur de maladresses récurrentes. Surtout que ce livre en valait la peine. Tout ce qui concerne Nadia, sa façon de s’exprimer verbalement et physiquement, de transmettre ses émotions, notamment l’amour qu’elle éprouve pour les siens, est tellement juste qu’on en arriverait presque à pardonner tout ce qui ne fonctionne pas. Presque.
Ma sœur est une luciole pèche par ses ses inégalités dans le ton et la structure ainsi que par son manque de rigueur. Dommage. Vraiment dommage. Nadia m’avait conquise avec ses nattes, son goût du bonheur et sa passion pour la vie.
J’existe à force de me taire
je ferme l’oreille à la voix,
j’écoute ce que j’entrevois
sous l’abri fermé des paupières.
C’est le chant de l’espace-roi
dans un nuage de poussière
épousant et fermant la terre.
La présence est dans cette absence,
le règne dans ce dénuement,
la parole au fond du silence,
dans cet arrêt de mouvement.
Jean Tordeur
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)
*choix de la lectrice d’Emil Pap
La vie est beaucoup trop courte pour lire de mauvais livres et, de plus, des romans portant sur la méchanceté des êtres humains. C’est ce que je me suis dit quand j’en ai eu terminé avec les 103 pages d’Un après-midi avec Rock Hudson.
Le titre m’avait séduite, je n’avais lu le quatrième de couverture qu’en diagonale, Enfin, il me semble. Et comme j’avais une heure devant moi, pourquoi pas la passer avec Rock Hudson?
Eh bien, je vous le dis, j’ai été flouée. Rock Hudson n’apparaît qu’à la toute fin, alors que le soir a depuis longtemps pris le pas sur l’après-midi, et sur une photo fort probablement découpée d’une page de magazine il y a un demi-siècle. Le reste dépeint les retrouvailles de deux femmes qui se sont perdues de vue après avoir (peut-être) été amies à l’adolescence et tout le mal que l’une peut faire avec l’autre par son comportement, la violence de ses mots et de son regard, et cette volonté évidente de lui faire passer quelques mauvais quarts d’heure.
Un livre inutile, à l’écriture banale et au contenu sans intérêt. Peut-être est-il possible de le découper et d’en faire des objets d’art postal? Je vais en parler à mon amie Danièle, elle connaît bien davantage que moi le sujet.
Dans la maison vide
mes gestes allumés le soir
se dédoublent aux vites.
Il n’y a pas de bruit
mais des signes mouvants
dans les portes reflétés.
Tu es là, peut-être,
au-delà du carreau
de l’autre côté du mur
de l’autre côté de la vie.
Marie-Claire d’Orbaix
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)
*choix de la lectrice d’Erin McGee Ferrell
Une pensée
est sur la mienne
comme le ciel sur un lac
ma pensée
est dans une autre
comme un lac
dans la main des montagnes.
Werner Lambersy
(dans Piqué des vers! de Colette Nys-Mazure et Christian Libens)
*choix de la lectrice peinte par l’empereur Frédéric