Les beaux miracles 4
L’obscurité naturelle
passe sans voir ce poème!
Saurais-je achever la nuit
aussi simplement
si je tarde encore
à éteindre la lampe?
Henri Falaise, Les beaux miracles
*choix de la lectrice de Zbigniew Pronaszko
L’obscurité naturelle
passe sans voir ce poème!
Saurais-je achever la nuit
aussi simplement
si je tarde encore
à éteindre la lampe?
Henri Falaise, Les beaux miracles
*choix de la lectrice de Zbigniew Pronaszko
Lorsqu’on rend à la terre
la voile blanche des nuages
et que l’on voit sous nos doigts
s’en aller le chemin
comme le haut peuplier
que l’on sait dans le ciel
même l’hirondelle accourue
effleure contre nos larmes
dans le profond miroir
l’empreinte inexorable
du vieux vertige défendu.
Henri Falaise, Les beaux miracles
*choix de la lectrice signée Ya’akov Boussidan
Si je revenais léger
pour choisir notre mémoire,
sans déjouer la distance accueillie,
même la blessure
comprendrait l’invisible –
tout serait avoué.
Henri Falaise, Les beaux miracles
*choix de la lectrice de Pierre Bonnard
En quelque sorte
l’étoile la plus infime
connaît la lumière
et le sable se trouve
le long des océans
et quand à la fin du jour
le firmament déferle
au-dessus des vagues
l’envol des mouettes
s’éloigne sans se poser
Henri Falaise, Les beaux miracles
*choix de la lectrice de Béla Czene
je me noie dans des mots
qui rêvent d’enfance
au bout de l’aube
l’arc-en-ciel se déforme
se déchire
au-delà des aurores oubliées
se cachent
les gestes d’une main
Marie-Pier Deschênes, La voix des murmures
*choix de la lectrice de Giovanni Boldini
des murmures s’inventent
des pas se créent
les murs s’effacent
sous un désert enfanté par la lune
je puise un peu d’espoir
pour que ma vie
me revienne à nouveau
Marie-Pier Deschênes, La voix des murmures
*choix de la lectrice de Fanny Blanc
Quand Benjamin Lacombe a commencé à dessiner les planches de ce qui allait devenir Rossignol, il n’avait qu’une idée en tête, enfin sûrement d’autres, mais celle-ci en priorité : donner au texte de Sébastien Pérez aux accents des années 1950 l’idée qu’elles sortaient tout droit d’un film de Jacques Tati.
Mission réussie. On se croirait facilement dans Les vacances de Monsieur Hulot. Pas pour l’histoire proprement dite, mais pour ce qui se dégage du texte sensible. Pour ce que révèlent les illustrations. Pour cette impression que le temps s’est arrêté il y a quelque soixante ans, à une époque où on écrivait encore avec un stylo et du papier. Où on se faisait des amis en les apprivoisant plutôt qu’en passant par des réseaux sociaux.
Et c’est peut-être là toute la beauté de cet album créé en tandem par un duo qui n’en est pas à sa première collaboration. Un album où il est question de poésie, de vacances d’été, de la façon de s’y prendre pour se faire des amis, de ce qui étonne, de ce qui nous démarque, des petits gestes qui changent la vie des uns et des autres, de la beauté du monde, des rêves qui se concrétisent, des yeux qui pétillent et du cœur qui bat si fort.
Rossignol est un album magique. Un album inoubliable. Un album qu’on devrait trouver dans toute bibliothèque scolaire. Pour nous rappeler à quel point l’amitié peut nous donner des ailes quand on sait y mettre le temps et la manière.
après chaque lune
l’oubli du reste
une sphère de silence
s’estompe à l’horizon
on s’accroche
aux rivières de brume
dans l’oasis
des heures déjà loin
Marie-Pier Deschênes, La voix des murmures
*choix de la lectrice de Jacques Bartoli
Embrouillaminis, une histoire de fils pourtant racontée avec beaucoup de poésie et offrant de très belles illustrations réalisées par l’artiste hongroise Hajnalka Cserháti, m’a laissée quelque peu perplexe. J’aurais voulu saisir le sens de ce fil qu’on perd, qu’on retrouve, qui nous unit et nous désunit tour à tour, mais je n’ai pas été en mesure de me laisser prendre par l’histoire imaginée par Marie-Laure Alvarez.
J’aimais pourtant l’idée que la vie soit semblable à un fil sur lequel on marche en équilibre. Comme j’aimais aussi celle qui veut que les amis soient réunis par une sorte de fil ténu, à la limite du visible, mais tellement solide qu’il ne peut pratiquement pas se briser. J’aimais l’idée de cette grand-mère qui ne cesse de tricoter.
Mais, curieusement, je ne suis pas arrivée à suivre le fil de cette histoire décousue destinée aux plus jeunes. Pas plus que je n’ai été en mesure de mettre bout à bout ces bribes pour qu’il en reste quelque chose d’autre que de jolies phrases et des images colorées.
Si bien que je me demande – et ce n’est pas la première fois que ça m’arrive – à qui ce livre est vraiment destiné tant j’imagine peu de petites mains y trouver ce qui semble m’échapper…
entre l’immobile
et l’espace vide
crier le temps
suspendre l’aube
souder la brise
comme si c’était vrai
Marie-Pier Deschênes, La voix des murmures
*choix de la lectrice de Duilio Barnabé