Lali

On a l’été

Été la bienheureuse éternité
d’une course pour rien
les ombres grandissent elles aussi
à mesure que le soleil bascule dans la mer.

François Roux, Soleils suspendus

*choix de la lectrice de Magnus Enckell

Enfin le vaste rayon
des après-midi passées à l’ennemi
comment dire
la fermentation des yeux
sous les soleils suspendus
les visages croisés
comment dire l’usure
de la lumière jadis sur une telle
rivière lisse.

François Roux, Soleils suspendus

*choix de la lectrice de Paul Yelland

Qui hésite

Tu tiens par les ciels
l’idée de partir
et tu attends
les saisons qui poussent dans ton œil
tantôt
jetteras-tu tes regards comme des dés
ou bien joueras-tu au héron
sur le bord de ton ombre.

François Roux, Soleils suspendus

*choix de la lectrice de Howard Chandler Christy

La lune balayait la cour
L’orage allait venait mais le ciel restait là
Nous ouvrions nos bras
sans crainte nous avancions
dans ce sens et dans l’autre
sans chercher sans savoir
et dans ce mouvement, des fleurs surgissaient

à la racine de l’eau
nous avancions nos bouches

Marie-Hélène Montpetit, Le cœur sauvage de mon nom

*choix de la lectrice de Duncan Grant

La lune prenait nos corps
et des jardins naissaient
ce n’était pas la nuit mais un jour somptueux
liséré de traits noirs
la part horizontale du tableau
que heurtait
la trombe de l’orage

Marie-Hélène Montpetit, Le cœur sauvage de mon nom

*choix de la lectrice de Diana Grappasonno

La douceur se répand comme une eau dans la chambre
Je me souviens
d’écorchures aperçues sur ton torse
et de la largesse du ciel sans nuage
qui remontait le fleuve tandis que nous parlions

Marie-Hélène Montpetit, Le cœur sauvage de mon nom

*choix de la lectrice d’Emma Griffiths (dont toute trace a disparu)

Les rôles principaux de cette histoire
ont déjà été distribués
mais il m’est permis d’être une icône
dans un livre d’images
J’aimerais avoir d’autres vies à brandir que la mienne
dans les aérogares et les espaces publics

Marie-Hélène Montpetit, Le cœur sauvage de mon nom

*choix de la lectrice de Vasile Grigore

Le réel m’offre des pans suaves
que je ne peux pas goûter
Un bonheur inemployé me fait tourner à vide
Il m’élève
gruge ma patience
me fait crier au bout de mes branches
des noms de la beauté
dont j’enfouis
les tambours
le paysage aimé
dans la case de nuit
de mes habits de somme

Marie-Hélène Montpetit, Le cœur sauvage de mon nom

*choix de la lectrice de Boris Grigoriev

Nous nous frôlons dans des jeux d’ombre
comme des enfants déraisonnables et doux
passagers d’un train sourd
qui nous transporte et nous dépose
dans des lieux insolites
où nous souffrons du froid

Marie-Hélène Montpetit, Le cœur sauvage de mon nom

*choix de la lectrice de William A. Breakspeare

Puis la mer froide entame notre dialogue
gruge des parts de nos visages
mais malgré l’éloignement
cette ferveur persiste
m’aimante
Des marées puissantes me charrient dans l’hiver
Une onde vigoureuse me saisit m’accapare
je suis envoûtée par elle
je lèche ses plages nues
prise au piège des merveilles de l’éblouissement

Marie-Hélène Montpetit, Le cœur sauvage de mon nom

*choix de la lectrice de Miriam Briks