Lali

3 mai 2015

Les chats du dimanche 8

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 16:01

WILSON (Janet)

Douceur féline

Rien n’est plus doux
Rien ne donne à la peau une sensation
Plus délicate
Plus raffinée
Plus rare
Que la robe tiède et vibrante d’un chat.

Guy de Maupassant, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Janet Wilson (dont toute trace a disparu)

Les chats du dimanche 6

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WONG (Nicole) - 14

Frissons

Aux becs de gaz éteints, la nuit, en la maison,
Il prolongent souvent des plaintes éternelles;
Et sans que nous puissions dans leurs glauques prunelles
En sonder la sinistre et mystique raison.

Parfois, leur dos aussi secoue un long frisson,
Leur poil vif se hérisse à des jets d’étincelles
Vers les minuits affreux d’Horloges solennelles
Qu’ils écoutent sonner de bizarre façon.

Émile Nelligan, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Nicole Wong

Les chats du dimanche 5

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ZELTZER (Milla) - 1

La ballade des chats

Il en est de tout noirs, des chats d’Andalousie
Exubérants d’amour et fous de jalousie :
Des chats à la peau brune, au pelage soyeux,
Sortant au moindre appel de leur douce paresse
Pour se rendre à la main d’où leur vient la caresse,
Et se cambrer joyeux !

Il en est de tout roux, des grands chats d’Allemagne,
Importés sur le Rhin du temps de Charlemagne :
Des chats très froids, très mous que chacun peut saisir,
Sans les tirer de leur état soporifère,
Des chats qu’on flatte en vain et qui se laissent faire
Sans plainte et sans plaisir !

Il en est de tout blancs comme un bloc de Carrare,
Des chats immaculés, le chat vierge – très rare –
Farouche au premier qui les frôle de près ,
Égratignant leur maître aussitôt qu’il fait mine
D’effleurer de ses doigts leur délicate hermine…
Mais se calmant après !

Il en est de petits, de moyens et d’énormes,
D’obèses, de fluets et de toutes les formes .
Certains bâillent d’ennui, certains autres sont gais;
Certains ont par moments des ardeurs érotiques,
Certains sont, au contraire, hébétés, chlorotiques,
Tristes ou fatigués.

Mais comme dans l’Eden , les chats et l’Ève humaine,
Sont soumis de naissance au même phénomène,
Qu’ils soient noirs,blancs ou roux, dodus ou rabougris,
Dès que la nuit s’abat sur les toits et les tentes
Toutes les femmes ont des ivresses latentes,
Et tous les chats sont gris!

Henry de Fleurigny, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*illustration de Milla Zeltzer

Les chats du dimanche 4

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PENSINI (Lori) - 4

Le sphinx

Ô mon beau chat frileux, quand l’automne morose
Faisait glapir plus fort les mômes dans les cours,
Combien passâmes-nous de ces spleeniques jours
À rêver face à face en ma chambre bien close.

Lissant ton poil soyeux de ta langue âpre et rose
Trop grave pour les jeux d’autrefois et les tours,
Lentement tu venais de ton pas de velours
Devant moi t’allonger en quelque noble pose.

Et je songeais, perdu dans tes prunelles d’or
– Il ne soupçonne rien, non, du globe stupide
Qui l’emporte avec moi tout au travers du Vide,

Rien des Astres lointains, des Dieux ni de la mort?
Pourtant!… quels yeux profonds!… il m’intimide
Saurait-il donc le mo ? – Non, c’est le Sphinx encore.

Jules Laforgue, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Lori Pensini

Les chats du dimanche 3

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PARKINSON (Tascha)

Sensations

Des cils roides et longs, antennes hérissées,
Font sentinelle autour de son nez frémissant;
Et le plus léger bruit qui le frôle en passant
Élargit sur son front ses oreilles dressées.

Quand la nuit a brouillé les formes effacées,
Il voit; le monde noir à son regard perçant
Ouvre ses profondeurs; il distingue, il pressent;
Ses sens plus acérés aiguisent ses pensées.

Des craquements de feu courent sur son poil roux;
Tout le long de sa moelle un tressaillement doux
Conduit l’émotion en son âme inquiète.

Les poils de son museau vibrent à l’unisson,
Et sa queue éloquente a le divin frisson,
Comme une lyre l’or aux mains d’un grand poète.

Hyppolite Taine, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*toile de Tasha PArkinson

Les chats du dimanche 2

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ONEILL Philomena)

Chanson du chat gris

Heure très belle et très fine
Où le soleil non pareil
Qui décline
Promène sur le mur de longues tresses d’or!
Oh regarde! Sur le gazon
Devant la maison
Le chat gris à la queue rayée,
Qui, charmant tigre domestique,
Lève une patte
Délicate
Et joue avec un moustique.

Louis Codet, dans Le chat en 60 poèmes d’Albine Novarino-Pothier

*illustration de Philomena O’Neill

Les chats du dimanche 1

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BROKVIN (Michael)

Quand la lectrice peinte par Michael Brovkin est arrivée avec l’anthologie d’Albine Novarino-Pothier intitulée Le chat en 60 poèmes, j’ai tout de suite deviné ce qu’elle avait en tête : consacrer ce dimanche aux lecteurs et lectrices accompagnés de leurs chats afin de leur proposer quelques-uns des titres de ce recueil.

Voici donc pour entamer cette journée un poème d’Émile Verhaeren :

Matins frileux

Matins frileux
Le vent se vêt de brume;
Le vent retrousse au cou des pigeons bleus
Les plumes…

L’air est rugueux et cru
Un chat près du foyer se pelotonne;
Et tout à coup, au coin u bois résonne,
Monotone et discord,
L’appel tintamarrant des cors
D’automne.

2 mai 2015

Porte dérobée 1

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O CATHAIL (Bob)

Des mots qui plongent dans les remous, qui sont des remous.

Preuve tangible de ton obscur pouvoir. Si obscur qu’il était ignoré, même de moi.

Qui aime consent à la perte du temps. À la tyrannie des mots enroulés comme suaire.

Louise Deschênes, Porte dérobée

*choix de la lectrice de Bob O Cathail

1 mai 2015

Des voix 7

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DONOHOE (Jean R.)

Plus habile est le sommeil

Plus libre l’infini
Qui ne connaît que les récits
La pure continuité du ciel

Je pense à ceux qui marchent au loin
Ou font demi-tour

Tu es avant ma fin

Tu la renouvelles

Martine Audet, Des voix stridentes ou rompues

*choix de la lectrice de Jean R. Donohe (dont toute trace a disparu)

30 avril 2015

Des voix 6

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DONCHEV (Dionisii) - 2

Dire du bien

Dire presque tout
De ta venue
Qui avale l’eau
L’être
Des immobilités

Je regrette les montagnes

Le désir pour hanter un paysage

Et le battement des mots
Quand la nuit départage

Martine Audet, Des voix stridentes ou rompues

*choix de la lectrice de Dionisii Donchev

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