Un roman fascinant dès les premières lignes
Quand j’ai choisi de lire La maison habitée, le premier roman de Geneviève Lévesque, c’est pour une raison toute simple : il se déroule en Bretagne. C’est la seule chose que j’avais retenu du quatrième de couverture. Et tant mieux, car si j’avais bien noté le fait qu’il s’agit d’une histoire de fantômes, je l’aurais peut-être mis de côté et me serais privée d’un des romans les plus prenants que j’ai lus au cours des derniers mois.
Dès les premières pages, j’ai été transportée par l’écriture de Geneviève Lévesque et par la Bretagne, son héroïne s’y installant après avoir reçu en héritage une maison fouettée par le vent, habitée par des entités en transition qui ont besoin d’elle pour passer à un autre état et quitter les lieux. J’ai marché dans les pas de cette aveugle de naissance à qui la vue est donnée, le temps qu’elle accomplisse cette mission qui lui est confiée et qui ne peut dépasser 49 jours (sept fois sept jours).
En compagnie de la narratrice, j’ai redécouvert le pouvoir des sens et à quel point chacun est important, encore plus quand l’un fait défaut. J’ai réappris la force implacable du vent, renoué avec la chaleur et la violence du feu, humé les embruns, entendu les vagues se fracasser et caressé la rugosité des pierres. J’ai aussi senti le froid se glisser sous mes vêtements, reconnu l’odeur de mets que je ne prépare plus et monté l’escalier moult fois pour aller à la rencontre de moi-même.
Je ne connais rien aux fantômes. Je ne sais que ce qu’on lit ou entend à propos d’eux. J’ai suivi la narratrice sans me poser de questions. J’ai eu confiance en elle et en son jugement autant qu’elle n’a pas eu peur d’une des voix qui a fini par se matérialiser et lui servir de guide. Et j’ai plongé dans cette histoire fascinante qui devrait laisser quiconque la lira songeur tant la ligne de démarcation entre la réalité et ce qui la dépasse est fine. Très fine.
Je me permettrai un conseil. Ne commencez pas la lecture de La maison habitée si vous avez peu de temps devant vous, car vous ne serez pas en mesure de l’abandonner. Geneviève Lévesque maîtrise déjà l’art du suspense qui vous empêche de ne pas passer au chapitre suivant, puis au suivant… jusqu’au point final.