Lali

16 juin 2015

Un roman fascinant dès les premières lignes

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maiosn habitee

Quand j’ai choisi de lire La maison habitée, le premier roman de Geneviève Lévesque, c’est pour une raison toute simple : il se déroule en Bretagne. C’est la seule chose que j’avais retenu du quatrième de couverture. Et tant mieux, car si j’avais bien noté le fait qu’il s’agit d’une histoire de fantômes, je l’aurais peut-être mis de côté et me serais privée d’un des romans les plus prenants que j’ai lus au cours des derniers mois.

Dès les premières pages, j’ai été transportée par l’écriture de Geneviève Lévesque et par la Bretagne, son héroïne s’y installant après avoir reçu en héritage une maison fouettée par le vent, habitée par des entités en transition qui ont besoin d’elle pour passer à un autre état et quitter les lieux. J’ai marché dans les pas de cette aveugle de naissance à qui la vue est donnée, le temps qu’elle accomplisse cette mission qui lui est confiée et qui ne peut dépasser 49 jours (sept fois sept jours).

En compagnie de la narratrice, j’ai redécouvert le pouvoir des sens et à quel point chacun est important, encore plus quand l’un fait défaut. J’ai réappris la force implacable du vent, renoué avec la chaleur et la violence du feu, humé les embruns, entendu les vagues se fracasser et caressé la rugosité des pierres. J’ai aussi senti le froid se glisser sous mes vêtements, reconnu l’odeur de mets que je ne prépare plus et monté l’escalier moult fois pour aller à la rencontre de moi-même.

Je ne connais rien aux fantômes. Je ne sais que ce qu’on lit ou entend à propos d’eux. J’ai suivi la narratrice sans me poser de questions. J’ai eu confiance en elle et en son jugement autant qu’elle n’a pas eu peur d’une des voix qui a fini par se matérialiser et lui servir de guide. Et j’ai plongé dans cette histoire fascinante qui devrait laisser quiconque la lira songeur tant la ligne de démarcation entre la réalité et ce qui la dépasse est fine. Très fine.

Je me permettrai un conseil. Ne commencez pas la lecture de La maison habitée si vous avez peu de temps devant vous, car vous ne serez pas en mesure de l’abandonner. Geneviève Lévesque maîtrise déjà l’art du suspense qui vous empêche de ne pas passer au chapitre suivant, puis au suivant… jusqu’au point final.

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15 juin 2015

L’inséparable 4

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EARL (Ralph) - 5

Dans l’hôtel où tu séjournes
Dans la chambre où sont
Le lit qui fut défait, les rideaux
Que le vent remue,
La brûlure du soleil sur tes genoux
Et la mer
Retentissante la mer,
Tu ne sais ni rester ni partir,
Avoue,
Tu ne sais pas
Avoir été.

Louise Bouchard, L’inséparable

*choix de la lectrice de Ralph Earl

14 juin 2015

L’inséparable 3

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DYF (Marcel) - 10

Le paysage est beau le paysage est le même
Les lilas ont fleuri cette année encore
Tous les verts feuillages se livrent au vent
Et bruissent de la même façon
On dirait une journée du printemps passé
Fidélité leçon inaugurale
Je n’ai pas fait les signes de l’adieu
J’étais sûre du retour laisse-moi revenir
Tu as mis fin à la magie du monde
Je suis l’enfant tu es le scandale
Sans un mot tu m’as portée
Tu m’as portée dans tes bras jusqu’à Sorrow

Louise Bouchard, L’inséparable

*choix de la lectrice de Marcel Dyf

13 juin 2015

L’inséparable 2

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GRAAFLAND (Rob) - 4

Tu dis souvent je vais mourir
Au milieu des éclats
Il parait que tu mens
C’est le chagrin c’est la démesure
Des mots
Mais la vérité vient à leur rencontre
La vois-tu qui s’approche
Ils vont croiser le fer ils vont s’unir
À l’instant
Tu seras dans le vrai
Tu ne l’auras pas volé

Louise Bouchard, L’inséparable

*choix de la lectrice de Rob Graafland

12 juin 2015

L’inséparable 1

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CRE WHISTLER (Beatrix) - 2

Ceux qui restent longtemps
Dans le même lieu
Amour
Dans le même amour
La vie les oublie dans le même
La vie ne les prend pas
Ni le feu des astres
Ils ne sont pas corrompus par la soif
L’ennui les évite et le désarroi la gravité
Ils n’ont pas d’heure
Ils ne sont pas altérés
Mais naïfs
D’une tendresse infinie
C’est la chair
Idéale
Chair du massacre

Louise Bouchard, L’inséparable

*choix de la lectrice de Beatrix Cre Whistler

11 juin 2015

Au seuil 4

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GRAU-SALA (Emilio) - 1

Qu’est-ce qu’on peut dire?
Un jour quelqu’un aura écrit
le dernier poème parce qu’il
n’y aura plus personne
pour entendre
ni ce poème-là ni
aucun autre.

Voilà ce qu’on peut dire.

Paul Chamberland, Au seuil d’une autre terre

*choix de la lectrice d’Emilio Grau-Sala

10 juin 2015

Au seuil 3

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BASHKIRTSEFF (Marie) - 5

Quand les mots ne voudront plus rien dire,
qu’ils ne seront plus qu’une monnaie trafiquée;
quand les mots rendront tout de travers ce que brûle de dire
la proie écorchée, ou le bouffon souverain, que chacun est parfois pour lui seul;

quand il sera d’usage courant d’enrober d’un baratin expert
la déraison
et de donner la tournure du sourire au meurtre;
quand personne n’entendra plus dans les mots « je t’aime » que
le bafouillage d’un demeuré,
– alors on écrira le dernier poème.

Paul Chamberland, Au seuil d’une autre terre

*choix de la lectrice de Marie Bashkirtseff

9 juin 2015

Au seuil 2

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DE LA TOUCHE (Gaston)  - 2

Mais toi tu dois
imaginer
comme au fond ce n’est
rien
l’immense tristesse
qui te revient d’un lignage
d’homme
car seul en elle est vaste
le chant
– égal au ciel.

Paul Chamberland, Au seuil d’une autre terre

*choix de la lectrice de Gaston de La Touche

8 juin 2015

Au seuil 1

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BATISTA (Agustin)

Pourquoi la douleur,
qui est refus, va droit
au cœur
comme jamais ne l’a fait l’amour?

D’elle semble échoir un tel don
qu’à elle-même l’humanité
n’en peut aucun qui le surpasse.

Paul Chamberland, Au seuil d’une autre terre

*choix de la lectrice d’Agustin Batista (dont toute trace a disparu)

7 juin 2015

Les vers de Carole 3

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JIRANEK (Milos)

Je confonds les oliviers avec les mimosas en fleurs
Nous roulons dans les nuages
Je vais à ta rencontre
Bien que je sois déjà venue à cet endroit
J’ai la peur d’être abandonnée
Sur le bord d’une route
La blessure d’ouvre, se referme
La nuit, je veille les morts, les vivants
Cherche mes clés
Mes enfants pas encore nés
Sous le lit

Carole David, Terra vecchia

*choix de la lectrice de Milos Jiranek

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