Lali

Le lecteur de l’illustrateur Paul X. Johnson, aimant autant voyager sac au dos que dans les livres, a mis la main sur un livre qui lui a tant plu qu’il a choisi d’en partager des extraits avec les lecteurs voyageurs du pays de Lali.

Ce sont donc des Proverbes rwandais, choisis par Thierry Mesas et Emmanuel Bugingo qui vous sont proposés aujourd’hui, en commençant par celui-ci :
En kinyarwanda : Ak’imuhana kaza imvura ihiseé.
La traduction littérale : Le secours étranger arrive quand la pluie est passée.
L’équivalent français : On n’est jamais si bien servi que par soi-même.

Villes

Mille toits gris mêlés comme mille horizons
Surveillent les ciels gris de mille îles lointaines
Et la voix des bateaux s’étonne sans raison
Dans les quartiers brumeux où passent les semaines.

Sylvain Garneau, Poésies complètes

*choix de la lectrice de Drew Johnson

Je t’accueillerai femme
Comme un refrain d’amour
Je t’accueillerai
Dans la justice de ma rétine
Je t’accueillerai
Mot à mot
Sous le sable roux du poème
Et l’amour défendra son fruit

*choix de la lectrice de Gianfranco Manara

La chair en sa rosée
L’espace d’un conte à défaire la nuit noire
Nous jouons à l’extrême d’un monde inachevé
Et je revis en toi tout le temps dilaté
Au ciel qui renaît
Dans regard qui boit le silence d’aimer
Et ton sourire de jour du premier jour

Ernest Pépin, Dit de la roche gravée

*choix de la lectrice de Fedor Barahtyan

Il n’y a plus de jour
L’univers ne connaît que le temps des étoiles
Qui viennent mourir
Au fond de nos yeux
Ainsi meurt l’amour
À peine né
Né pour rien
Au bal des poussières

Ernest Pépin, Dit de la roche gravée

*choix de la lectrice de Richard Beerhorst

La chair en sa rosée
Toute perlée d’attente
Et de faveur nocturne
Réconciliant l’instant et l’infini
Démarrant les pluies douces
Ma démarrée
Où j’enracine
Mes cadences de houle
Comme un rivage répond
À l’appel de ses vagues

Ernest Pépin, Dit de la roche gravée

*choix de la lectrice de Manolo Morgado

Pétition du poème

Poésie pour soulever la jarre du jour
Pour prêter serment à la prière des vagues
Pour que les femmes allaitent des miracles
Pour démarrer la langue des tornades
Poésie quand les rêves d’enfants repeignent les trottoirs
Poésie dressée contre le silence du ciel
Poésie d’herbe-Guinée aux fêtes de l’hivernage
Poésie à broder sur des drapeaux fous
Poésie au verso du silence
Poésie pour dénuder le soleil
Dans un bain de feuilles
Poésie
Dans le chantier des lucioles
Poésie
Testament de l’orage
Poésie de rhum pur quand les mots vagabondent
Au bar des chimères
Poésie pour s’endormir dans l’eau douce de tes cheveux
Pour accompagner la longue marche des volcans
Pour tourner les pages des amandiers
Poésie
Un secret bricolé
Une femme en déluge et qui va son bonheur

Ernest Pépin, Dit de la roche gravée

*choix de la lectrice de Bernie Moore

tu seras
pour un instant
– pour un instant encore –
sublime dans ton aveuglement
sereine dans l’abandon du sommeil

mais ces larges matins
resteront prisonniers d’un rêve de glace
dans la démesure du possible
où nous t’attendions

Serge Lamothe, Tu n’as que ce sang

*choix de la lectrice de Kevin Lei

l’impossible sera là
comme vivante chose de terre
à aimer
sans retour

Serge Lamothe, Tu n’as que ce sang

*choix de la lectrice d’Henri Lebasque

j’ai contemplé
dans la clarté des nuits
le silence de ta peau

ce vertige de toi
que tu n’as pas connu
te survit

Serge Lamothe, Tu n’as que ce sang

*choix de la lectrice de Claudia Lardizabal