Les vers de Nicole 3
avant même l’idée de notre propre vie
une autre a déjà commencé
chaos de sens ivresse inapaisable
Nicole Brossard, Le temps qui installe les miroirs
*choix de la lectrice d’Evelyn Metzger
avant même l’idée de notre propre vie
une autre a déjà commencé
chaos de sens ivresse inapaisable
Nicole Brossard, Le temps qui installe les miroirs
*choix de la lectrice d’Evelyn Metzger
des siècles d’espace à l’envers
puis à l’endroit de nos bouches
des siècles sans perforer le ciel et l’obscurité
Nicole Brossard, Le temps qui installe les miroirs
*choix de la lectrice d’Adrianus Johannes Grootens
une seule phrase et nous pouvions
tomber plusieurs fois
en-dessous des mots
Nicole Brossard, Le temps qui installe les miroirs
*choix de la lectrice de Nicola Quici
il y a encore trop de lumière
dans cette lettre que j’ai reçue
ou non, ce n’est pas trop
seulement ce n’est pas
cet éclat qu’il faut
Michaël Trahan, Nœud coulant
*choix de la lectrice de Carol Keiser
à la limite rien
le temps s’étire à la limite
il n’y a pas de vide le temps
s’arrête le noir s’étend là où tombe
le rythme l’autre nom du cœur
Michaël Trahan, Nœud coulant
*choix de la lectrice d’Anwen Keeling
silence
au cas où
il y aurait trop
de mots pour aller
jusqu’au bout
Michaël Trahan, Nœud coulant
*choix de la lectrice d’Erich Heckel
carré soudain noir
au fond de la nuit cercle
de feu profond puits la lune
pleine et ronde fiction
où l’alphabet même
se trahit : on ne parle
pas de la même façon
dans le noir
Michaël Trahan, Nœud coulant
*choix de la lectrice de Dan Haycocks
et la lune
l’horizon d’un monde
chaque jour inachevé
un ramassis de lumière
creusé dans le noir
et la lune commence à plein
se vide en un mois
grand cercle d’ombre
découpé en plein ciel
Michaël Trahan, Nœud coulant
*choix de la lectrice de Robert Perritt Hawkins
ce qui bruit : une allumette craque
dans le noir un joyau de lumière
seul instant où le temps brûle
un nœud de chaleur juste de quoi
faire cœur
Michaël Trahan, Nœud coulant
*choix de la lectrice de Karl Hauk
Dès les premières lignes d’Accro au malheur de Marie-Ève Potvin, on a l’impression de se retrouver dans le film Psy de Philippe de Broca (1981) tant les atmosphères des deux se ressemblent. En effet, dans l’un comme dans l’autre, on retrouve une pléiade de paumés prêts à (presque) tout pour se débarrasser de leurs problèmes et mettre fin à leurs habitudes autodestructrices.
Malika, la narratrice, fait partie de cette joyeuse bande de bébittes à bobos réunies à Laval dans ce qui était probablement autrefois un camp d’été, transformé depuis en centre de thérapie. C’est là qu’ont lieu des activités et séances de groupe où chacun met son cœur sur la table, avec comme objectif une prise de conscience individuelle menant à la guérison.
Malika n’a pas l’intention de se plier à cette introspection qu’elle considère comme un piège. C’est pour cette raison qu’elle demeure à l’écart de ces blessés par la vie autant que cela lui est possible, tout en ne perdant pas de vue son but qui est aussi le leur : être heureuse.
Mais Malika est accro au malheur. Abandonnée par son père, malheureuse en amour et dans sa vie professionnelle, elle n’a de cesse depuis toujours de miser sur la beauté physique pour ne plus être rejetée. Or, Une semaine de thérapie au milieu du bois, en compagnie de ces névrosés va-t-elle vraiment l’aider à sortir de l’anorexie? Rien n’est moins certain.
La vie de Malika va pourtant prendre un tournant important à la suite de ce retour sur soi et du questionnement qui en a découlé. Tellement important qu’elle ira jusqu’au bout du monde pour répondre aux questions auxquelles elle pensait déjà avoir trouvé une réponse, alors qu’elles étaient loin d’être enfouies et traînaient non loin de la surface.
Quelle imagination, quel sens de la démesure, quel talent pour la caricature réunis dans ce premier roman. Mais cela peut s’avérer un peu trop de clichés pour le lecteur, considérant qu’il s’agit là d’un roman réaliste, bien que plein d’humour. Le mieux sera de mettre de côté les détails qui nous semblent invraisemblables ou improbables – notamment ceux où il est question du voyage – et de se laisser porter par l’imagination sans bornes de l’auteure avec un sourire à demi amusé. Après tout, les romans peuvent être distrayants, voire que cela, à l’occasion.
Accro au malheur est ponctué de petites histoires ironiques entre les chapitres, question de faire des clins d’œil à des gens bien plus malheureux que Malika. On peut apprécier ou pas ces décrochages, lesquels ont quelque chose des spots publicitaires et ne modifient en rien le cours des choses.
Ceci dit, Accro au malheur, sans être un grand roman de chick lit, est surtout et avant tout léger et amusant malgré le fait qu’’il aborde des sujets graves, comme celui du bonheur à tout prix. Et il finit bien. Mais cela, vous l’aviez sûrement deviné.