Lali

18 novembre 2015

La langue oubliée 1

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MODERSOHN-BECKER (Paula)

Visage

Chaque pas sur la plage
les variations de la lumière

les paysages lointains
la traversée de la ville à l’aube

les épreuves de la nuit en la nuit
su nos traites et nos veines vieillissant
par des ruissellements si différents
et si pareils

comme chacun
je lis sur ton visage
comme chacun
l’invisible est sans importance
personne ne peut te remplacer

Yong Chung, La langue oubliée

*choix de la lectrice de Paula Modersohn-Becker

17 novembre 2015

Projets de Pablo 3

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HILL (Janet) - 17

Les flaques de lumière
des fusées de brume éclairent
les faîtages qui disparaissent
dans les hauteurs de brume
les saisons passent à un train d’enfer.

Paul Bélanger, Projets de Pablo

*choix de la lectrice de Janet Hill

16 novembre 2015

Projets de Pablo 2

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FURNER (Sharon) - 3

Dehors la ville affleure
drapée de bruine
le froid étame le marbre
et la voix calligraphie
dans l’air l’alphabet
d’un trouble
émouvant
ce qu’il débusque dans les gouffres
il n’en parle pas

Paul Bélanger, Projets de Pablo

*choix de la lectrice de Sharon Furner

15 novembre 2015

Projets de Pablo 1

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FECHIN (Nicolai) - 3

Elle dort dit-il
le visage paisiblement
découpé dans l’angle
d’une veilleuse lui
soulevant le voile
se tient loin de la lumière
personnage oublié
perclus de solitude.

Tout est calme
le front sans plis
la mer d’huile
l’air abrasif
mais il devine
derrière des combats furieux
dessins d’intangibles tempêtes.

Ailleurs le vent siffle
dans les cendres remuées.

Paul Bélanger, Projets de Pablo

*choix de la lectrice de Nicolai Fechin

14 novembre 2015

Les vers de Théodore 5

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GREUZE (Jean-Baptiste) - 4

Sous un œil languissant et pleurant à demi

Sous un œil languissant et pleurant à demi,
Sous un humble maintien, sous une douce face,
Tu cache un faux regard, un éclair de menace,
Un port enorgueilli, un visage ennemi.

Tu as de la douceur, mais il y a parmi
Les six parts de poison ; dessous ta bonne grâce,
Un dédain outrageux à tous coups trouve place.
Tu aimes l’adversaire et tu hais ton ami,

Tu fais de l’assurée et tu vis d’inconstance,
Ton ris sent le dépit. Somme, ta contenance
Est semblable à la mer qui cache tout ainsi

Sous un marbre riant les écueils, le désastre,
Les vents, les flots, les morts. Ainsi fait la marâtre
Qui déguise de miel l’aconite noirci.

Théodore Agrippa d’Aubigné L’hécatombe à Diane

*choix de la lectrice de Jean-Baptiste Greuze

13 novembre 2015

Les vers de Théodore 4

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GRENVILLE (Hugo) - 30

Mille baisers perdus, mille et mille faveurs

Mille baisers perdus, mille et mille faveurs,
Sont autant de bourreaux de ma triste pensée,
Rien ne la rend malade et ne l’a offensée
Que le sucre, le ris, le miel et les douceurs.

Mon coeur est donc contraire à tous les autres cœurs,
Mon penser est bizarre et mon âme insensée
Qui fait présente encor’ une chose passée,
Crevant de désespoir le fiel de mes douleurs.

Rien n’est le destructeur de ma pauvre espérance
Que le passé présent, ô dure souvenance
Qui me fait de moi même ennemi devenir!

Vivez, amants heureux, d’une douce mémoire,
Faites ma douce mort, que tôt je puisse boire
En l’oubli dont j’ai soif, et non du souvenir.

Théodore Agrippa d’Aubigné, L’hécatombe à Diane

*choix de la lectrice signée Hugo Grenville

12 novembre 2015

Les vers de Théodore 3

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HOLTER (Wilhelm) - 1

Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant

Je brûle avec mon âme et mon sang rougissant
Cent amoureux sonnets donnés pour mon martyre,
Si peu de mes langueurs qu’il m’est permis d’écrire
Soupirant un Hécate, et mon mal gémissant.

Pour ces justes raisons, j’ai observé les cent :
A moins de cent taureaux on ne fait cesser l’ire
De Diane en courroux, et Diane retire
Cent ans hors de l’enfer les corps sans monument.

Mais quoi ? puis-je connaître au creux de mes hosties,
A leurs boyaux fumants, à leurs rouges parties
Ou l’ire, ou la pitié de ma divinité?

Ma vie est à sa vie, et mon âme à la sienne,
Mon cœur souffre en son cœur. La Tauroscytienne
Eût son désir de sang de mon sang contenté.

Théodore Agrippa d’Aubigné, L’hécatombe à Diane

*choix de la lectrice de Wilhelm Holter

11 novembre 2015

Les vers de Théodore 2

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McMAHON WHITE (Alice)

Nos désirs sont d’amour la dévorante braise

Nos désirs sont d’amour la dévorante braise,
Sa boutique nos corps, ses flammes nos douleurs,
Ses tenailles nos yeux, et la trempe nos pleurs,
Nos soupirs ses soufflets, et nos sens sa fournaise.

De courroux, ses marteaux, il tourmente notre aise
Et sur la dureté, il rabat nos malheurs,
Elle lui sert d’enclume et d’étoffe nos cœurs
Qu’au feu trop violent, de nos pleurs il apaise,

Afin que l’apaisant et mouillant peu à peu
Il brûle d’avantage et rengrège son feu.
Mais l’abondance d’eau peut amortir la flamme.

Je tromperai l’enfant, car pensant m’embraser,
Tant de pleurs sortiront sur le feu qui m’enflamme
Qu’il noiera sa fournaise au lieu de l’arroser.

Théodore Agrippa d’Aubigné, L’hécatombe à Diane

*choix de la lectrice d’Alice McMahon White

10 novembre 2015

Les vers de Théodore 1

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HORSLEY (John Calcott) - 5

Vous qui avez écrit qu’il n’y a plus en terre

Vous qui avez écrit qu’il n’y a plus en terre
De nymphe porte-flèche errante par les bois,
De Diane chassante, ainsi comme autrefois
Elle avait fait aux cerfs une ordinaire guerre,

Voyez qui tient l’épieu ou échauffe l’enferre?
Mon aveugle fureur, voyez qui sont ces doigts
D’albâtre ensanglantés, marquez bien le carquois,
L’arc et le dard meurtrier, et le coup qui m’atterre,

Ce maintien chaste et brave, un cheminer accort.
Vous diriez à son pas, à sa suite, à son port,
À la face, à l’habit, au croissant qu’elle porte,

À son œil qui domptant est toujours indompté,
À sa beauté sévère, à sa douce beauté,
Que Diane me tue et qu’elle n’est pas morte.

Théodore Agrippa d’Aubigné, L’hécatombe à Diane

*choix de la lectrice de John Callcott Horsley

9 novembre 2015

Les vers d’Hector 6

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WAMPOLE (Caroline) - 1

courants

nos parcours varient

parfois les figures se touchent
à un degré précis
l’espace d’un instant

tu trouveras ce que je dois rejoindre
depuis toujours sans même savoir
ce que je poursuis

Hector Ruiz, Qui s’intalle?

*choix de la lectrice de Caroline Wampole

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