pourquoi la douleur m'enlève-t-elle les paroles justement là où j'en ai le plus besoin pour autant que la douleur soit faite de paroles?
les paroles de la plainte, les paroles de l'amour, la voix qui te parlait comme un toucher prolongé les sourds gémissements de la conscience qui éclate le murmure de la complicité le dialogue fraternel comme lianes qui se pressentent
tout cela ton silence s'est emporté il ne me reste que quelques syllabes pour nommer la perte
Écrire avec le crayon qui écrit sur les traits du crayon qui n'écrit pas.
Ou écrire avec le crayon qui n'écrit pas sur les traits du crayon qui écrit.
Quel est le vrai texte? Peut-être seulement les espaces invisibles entre ce qui s'écrit et ce qui ne s'écrit pas peuvent-ils composer le texte définitif.
Ou peut-être devra-t-on trouver le crayon qui à la fois n'écrive et n'écrive pas.
Si même nous parvenions à apprendre toutes les langues et si cet apprentissage atteignait une impensable perfection, il nous resterait à apprendre encore les failles intersticielles entre une langue et une autre et l'imperceptible brisure ou glissement qui se produit entre les mots, même pour qui connaîtrait tous les mots.
L’album est joli, je l’avoue. Et les illustrations signées Joanne Ouellet y sont pour beaucoup, car l’album écrit par Martine Latulippe ne se démarque pas des albums déjà publiés sur le sujet, à savoir l’arrivée d’un petit frère ou d’une petite sœur.
D’autres albums ont raconté ce sentiment qu’ont les enfants à cette annonce, soit leur peur de voir le nouvel arrivant dans la famille prendre toute la place, ou la pensée qu’on les aime déjà un peu moins.
Mais l’album est joli. Et comme bien des albums qui lui ressemblent sont maintenant épuisés, il pourra aisément apporter aux enfants qui ne se réjouissent pas d’une naissance à venir juste ce qu’il faut pour les aider à voir les choses autrement.
Nous nous en irons ensemble, avec un sourire d'inquiétude et un autre d'angoisse. Parce que jamais plus quelque chose. Parce que jamais plus cette solitude partagée. Parce que jamais plus.
Nous nous en irons ensemble, accomplissant l'acte fatal de la ponctualité. Pour que personne n'attende personne. Pour que le vide soit définitivement sans mémoire.
Le vol de l'ultime papillon sera-t-il capable de restituer le silence du bleu, le soleil plausible pour tous les fruits et le lieu de notre absence à tous les points cardinaux?