Lali

23 décembre 2015

Célestin

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 19:35

celestin

Je ne sais plus pourquoi j’avais noté le titre de cet album dans mon carnet où je note les titres des livres que je me dois de lire. L’avais-je feuilleté dans une librairie ou une bibliothèque? Avais-je lu une critique d’une lectrice emballée? Je n’en ai pas la moindre idée. Mais une chose est certaine : j’ai bien fait de noter ce titre. Célestin le ramasseur du petit matin est un petit bijou.

Ce n’est pas rien de partir de bon matin, jour après jour, armé d’un sac et d’un bâton afin de ramasser les mouchoirs souillés de larmes afin que disparaissent ainsi les gros bobos et les chagrins. Mais vient un jour où, à force d’emmagasiner chez lui toute cette tristesse, Célestin se met à pleurer. À pleurer, à ne plus cesser de pleurer. Vivre avec les traces de l’humanité souffrante a fini par avoir raison de lui.

Mais que faire? Comment retrouver le bonheur de cueillir à nouveau tous ces mouchoirs de toutes les couleurs afin d’effacer les chagrins sans pour autant se voir enseveli sous le poids de tous ces petits riens et ces gros bobos? Mais en lavant les mouchoirs, bien sûr! Et pas question que je vous en dise plus. La fin est trop jolie pour la gâcher en la dévoilant.

Mayalen Goust, dont on ne sait pratiquement rien, sinon qu’elle vit à Rennes, s’est appliquée. Le texte de Sylvie Poillevé, déjà plein de musique et de poésie, prend son envol grâce à ses illustrations.

Le résultat est un album essentiel à toute bibliothèque pour enfants. Et peut-être même à celle de certains grands. Je parle en connaissance de cause. J’ai en effet lu l’album à un « plus tout jeune » qui a commencé par être tout à fait sceptique, se demandant bien quelle était cette nouvelle lubie de ma part. Jusqu’à ce qu’il se laisse prendre par l’histoire. Puis séduire par les images. Et qu’il en oublie le poids sur ses propres épaules.

22 décembre 2015

Poèmes du Brésil 7

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

macke (august) - 21

Que le monde serait heureux…

Que le monde serait heureux si, abolis,
Tous les souvenirs de l’amour – avec sa gloire,
Sa joie et ses plaisirs – quittant notre mémoire
Venaient s’éteindre dans les cendres de l’oubli.

Pourtant, une tristesse envahissante emplit
Mon âme : c’est de voir qu’hostile au transitoire
Cet amour, sûr de sa fantastique victoire,
Vit dans le souvenir, prisonnier dans ses plis.

Amants, vous qui brillez, consumés par ses soins,
J’ai fui ce sentiment dont le dard empoisonne.
Vous l’avez cultivé pour vos futurs besoins :

Son bonheur inconstant n.osant tromper personne,
Tous ses bienfaits passés, dans l,avenir lointain
Sauront vous consoler des tourments qu’il vous donne.

Claudio Manuel da Costa
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)

*choix de la lectrice d’August Macke

La guerre des suces

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:28

guersu

Je ne suis pas fan des albums où les personnages sont des animaux. Je me suis pourtant laissée séduire par l’album illustré par Caroline Hamel malgré ma réticence initiale. Probablement parce que les illustrations sont ludiques et efficaces, et qu’elles accompagnent à merveille le texte signé Lou Beauchesne, lequel nous relate avec beaucoup d’imagination ce qui se passe quand un roi en a assez de voir sa princesse de fille se promener avec une suce à la bouche.

Humour, exagération et bon sens se trouvent réunis dans La guerre des suces, où on ne rit pas avec les règlements. C’est ainsi que l’interdiction du « port de la suce » aura des conséquences énormes sur la tranquillité et le bien-être de tout le royaume.

Or, comment calmer les enfants et faire en sorte qu’ils dorment sans suces puisqu’elles ont été confisquées et entreposées, donc inaccessibles? Et surtout, comment rendre au roi sa jugeote? C’est ce à quoi cet album cocasse et intelligent s’applique au fil des pages avec succès.

Un album qui nous rappelle à quel point le mot suce a un sens bien clair en anglais; suce se traduit par pacifier.

21 décembre 2015

Poèmes du Brésil 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

MACDONALD (Katherine)

Ton nom

Ton nom, un rêve dans in passé qui sommeille,
Sourire d’âme entre tant de cris de souffrance,
Un murmure perpétuel à mon oreille,
Un chant de harpe qui berça mon existence.

Ton nom fut écho de sanglots entre chacune
De mes chansons, chacun de mes gémissements.
Il fut tout ce qu’alors j’aimai. Je le résume :
Douleurs, plaisirs, bonheurs, amours, enchantements.

Je l’ai gravé dans les troncs des arbres en sève.
Tracé sur le sable des mers fouettant leurs grèves,
Et je l’ai lu dans les étoiles, l’épelant
À la clarté de moelleux clairs de lune blancs.

Je l’ai tressé sur le verdoiement clair des prés,
Avec des fleurs de lys, des pétales de roses;
Il a souvent couru, ailé, sous le vent frais
Et parfumé, dans les matins calmes des choses.

Avec l’étoile, il s’est éteint. Tombé un jour
Avec le tronc. Il s’est flétri avec les fleurs.
Sur la plage, effacé. Mais je le garde au cœur
Fatalité! Destin contraire à nos amours!

José Bonifacio de Andrade e Silva, dit le Jeune
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)

*choix de la lectrice de Katherine MacDonald

Un jour avec la tour Eiffel

Filed under: À livres ouverts,Pour petites mains — Lali @ 19:49

un jour avec

J’ai de tout temps été fascinée par la tour Eiffel. C’est donc avec beaucoup de plaisir que j’ai parcouru le superbe album de Victor Simiane, illustré par Boiry, intitulé Un jour avec la tour Eiffel.

Et quelle journée, car la tour Eiffel a décidé de prendre le large! Pas pour toujours, juste le temps de faire le tour de Paris afin d’aider un enfant perdu à retrouver ses parents. Pour se faire plus petite tout en conservant la même forme, elle endosse son costume de girafe et part faire à la découverte des monuments et lieux importants de Paris. Les parents de son nouvel ami se trouvent sûrement quelque part!

À Montmartre? Aux Tuileries? Au Louvre? Mais où se cachent-ils donc? C’est ce que nous raconte cet album qui traite autant de Paris que d’amitié avec finesse et tendresse et grâce à des illustrations qu’on aurait envie d’encadrer tant elles sont belles.

Un superbe album qui m’a rappelé le début d’un poème de Maurice Carême :
Mais oui, je suis une girafe,
M’a raconté la tour Eiffel,
Et si ma tête est dans le ciel,
C’est pour mieux brouter les nuages,
Car ils me rendent éternelle.

Un album pour lequel j’ai eu un véritable coup de foudre.

20 décembre 2015

Poèmes du Brésil 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

LUKA (Madeleine) - 2

Chansonnette

Toutes tes paroles anciennes
je les ai laissées au rivage,
enlacées avec mes rengaines,
tracées sur le sable des plages.

Tant de soleils et tant de lunes
ont brillé depuis, dans les dunes,
sur ces lignes qui étaient tiennes,
sur ces lignes qui étaient miennes!

La mer – à la langue sonore –
sait le présent et le passé,
chante mes mots puis les dévore :
le reste est déjà effacé.

Cecilia Meireles
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)

*choix de la lectrice de Madeleine Luka

19 décembre 2015

Poèmes du Brésil 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

LOOSER (Hans)

Les lettres

C’était un jeune arbre à l’écorce tendre.
J’y gravai ton nom et sans plus attendre
Je m’en suis allé… Passèrent les jours,
Les mois, les années, avant mon retour.

L’arbre dans le ciel s’est tant étendu,
Emportant ton nom si haut dans l’espace
Que de lettres, hélas, je n’en vois plus trace…
Mon rêve d’amour lui-même est perdu.

Nicolau Fagundes Varela
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)

*choix de la lectrice signée Hans Looser

18 décembre 2015

Poèmes du Brésil 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

GUILLAUMIN (Armand) - 16

À Carolina

Ma bien-aimée, au pied du dernier de tes lots
Où, lasse d’une longue vie, tu te reposes,
C’est toujours moi qui viens, pauvre âme. Et j’y dépose
Le cœur du compagnon qui refuse l’oubli.

En dépit d’un labeur immense et journalier,
Ce cœur palpite encor d’un amour véritable
Qui fait de l’existence un trésor désirable
Et de ce coin de sol un univers entier.

Je t’apporte des fleurs, reliques arrachées
À la terre témoin de ma vie attachée
À la tienne, avant que la mort ne t’ait couchée.

Si mes yeux sont battus, grièvement touchés,
C’est que, dans ce passé défunt, j’aime à chercher
Nos souvenirs communs et tout vifs écorchés.

Machado de Assis
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)

*choix de la lectrice d’Armand Guillaumin

17 décembre 2015

Poèmes du Brésil 2

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GRECO

Poète, je le fus

Poète, je le fus. Et de l’âpre destin
Je ressentis très tôt la main pesante et dure.
Tristesse fut mon lot, plus qu’heureuse aventure
Et j’ai toujours marché comme erre un pèlerin.

J’ai donc vécu, à la douce folie enclin,
Elle qui trompe tant mais si peu de temps dure.
Je ne fais que pleurer ma destinée obscure,
La rigueur d’un passé, de douleur en chagrin.

Pourtant, comme aujourd’hui je me retrouve exempt
Des songes que je nourrissais en permanence,
Moi qui n’ai plus que des souvenirs pour tourment,

Je comprends mieux le sens de mon unique chance.
Car je n’aurai connu qu’un seul contentement :
Celui d’avoir chanté ce que fut ma souffrance.

José Albano
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)

*choix de la lectrice de Greco

16 décembre 2015

Poèmes du Brésil 1

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GRANT (Nicolae)

Le colibri

Je m’étais habituée à le voir, chaque fois
Que pointait le matin, voler, d’humeur légère,
Pour poser ses baisers sur les fleurs d’un parterre
Au jardin où coulait une ambroisie de choix.

Et l’oiseau me semblait, je ne sais trop pourquoi,
Le génie de la nuit, sa rêverie dernière…
Il venait d’apporter aux roses la première
Caresse du soleil, dans l’air encor si froid.

Un jour il s’en alla, sans retour. Et moi, quand
Je me surpris à soupirer en contemplant
Avec tristesse mon jardin riant de sève,

Je me dis en songeant, pensive, à l’ancien temps :
« Peut-être, ô lourd d’amertume et de tourment
Ce colibri n’était-il alors que ton rêve? »

Auta de Sousa
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)

*choix de la lectrice de Nicolae Grant

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