Anecdotes de libraire 59
Une écrivaine est morte. Elle avait 35 ans et se serait suicidée. Elle s’appelait Nelly Arcan. Et chacun y va de ses impressions, de ses commentaires. Chacun cherche dans ses livres, dans ses écrits ailleurs, dans les entrevues qu’elle a données des signes. Et tous s’accordent à dire que cela devait arriver, que c’était là l’épée de Damoclès posée sur la tête de la jeune femme hantée par la beauté et par la mort.
La libraire que je suis se rappelle ce que chacune de ses apparitions télévisuelles provoquait. Les gens achetaient Putain ou Folle, pour s’assurer que Nelly Arcan ressemblait à ses livres, pour voir s’ils étaient ou non une copie conforme de l’image médiatique qu’elle avait créée de toutes pièces, tout comme l’avait fait avant elle Amélie Nothomb.
Et des livres, elle en a vendus. Beaucoup. Et il s’en vendra encore davantage ces prochaines semaines, alors que son suicide continuera de susciter articles ici et là. Parce que Nelly Arcan c’était Nelly Arcan, une mine d’or pour les libraires.
*toile de Patrick Howe
