Lali

29 mai 2008

Anecdotes de libraire 17

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 6:13

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Dimanche dernier, je suis allée chercher un livre que j’avais commandé. Parce que je dois toujours commander les livres que je cherche. Ne me demandez pas pourquoi. Surtout que si j’étais encore libraire, ce serait bien souvent des livres qui seraient sur les rayons et qui ne demanderaient pas une commande spéciale, comme en demande une un recueil de poèmes d’un obscur auteur venu du fin fonds d’un pays au nom imprononçable.

Mais bon, il en est ainsi.

Et avant de passer à la caisse, j’ai bien entendu fait le tour des rayons. Non, je n’ai rien classé, ce coup-ci… Mais j’ai jeté un œil sur les piles. Celles installées pour mousser certains titres que les représentants ont d’abord moussés pour qu’ils aient une bonne place. Et je me disais que dans trois semaines, le paysage aurait changé en partie. Parce qu’il faut toujours faire de la place aux nouveaux arrivants. Et du coup éteindre la vie de ceux qui étaient là, promis à un bel avenir, selon – encore – les représentants.

Puis, une question a surgi dans mon esprit. Dans dix ans, un seul des livres si bien étalés sera-t-il devenu assez important pour être sur les rayons en permanence ou aucun d’entre eux n’aura cet honneur? Je n’ai pas la réponse.

*toile de Quint Buchholz

4 Comments »

  1. Quelques pages lues au hasard donnent bien souvent la réponse. Le style ! Plus que l’histoire ou le thème est un critère de choix… C’est comme la haute couture : on travaille toujours du tissu mais s’il n’y a pas la griffe du créateur, c’est du prêt-à-porter ! La mode de la rue ! On en a besoin… mais c’est éphémère, comme les saisons !

    Commentaire by Reine — 29 mai 2008 @ 13:22

  2. Le dessin du tableau est une bonne métaphore mais le plateau de droite peut-être doublé ou triplé, voire décuplé ! A gauche, celui qui restera sur la balance de la mémoire, du temps, de l’art ! Ou de la référence absolue, si ce n’est pas une oeuvre littéraire : le Robert, le Gaffiot, l’indicateur Chaix ou l’almanach Vermot !!!

    Commentaire by Reine — 29 mai 2008 @ 13:32

  3. Ce billet de la catégorie  » Anecdotes de libraire  » …. ( une des » tes catégories  » … chouchou….. (rire ) ! m »est revenu en mémoire lorsque j’ai lu ceci…..

    Des morts pas comme les autres
    « Les livres m’ont enseigné le goût et le bonheur du ravage»

    Sagesse d’un pilonneur
    A une semaine de l’attribution des prestigieux prix littéraires, une petite leçon de modestie. Chaque année, en France des machines broient environ 100 millions de volumes, ce qui représente le cinquième des 500 millions de volumes fabriqués. On stocke un certain temps des ouvrages qui se vendent mal, et puis on finit par les détruire. Bien souvent, le pilonnage suit immédiatement le retour de librairie. Mais le pilon ne constitue pas seulement la sanction d’une mévente. L’éclatante réussite d’un auteur produit autant de pilonnage que l’échec. Cela fait partie d’une stratégie délibérée de surproduction. Il n’est pas rare qu’un éditeur prenne dès le départ le parti de faire imprimer des milliers de livres pour les pilonner. Car leur rôle consistera à impressionner, à donner le sentiment de l’importance de l’oeuvre. Il faut se montrer, faire masse dans les Fnac, écraser la concurrence par le poids. L’entassement de 100.000 livres sert à en faire acheter 50.000. Les 50.000 autres seront broyés. Car le pilon coûte moins cher que le stockage. Il rapporte, même: 100 euros la tonne de papier. Le pilonnage n’est pas une pure destruction, une mort définitive. Les livres broyés serviront à nouveau sous forme de boîte à pizzas, cartons à chaussures, cahiers, emballages, papier journal. Le papier ainsi recyclé connaît sept vies successives, comme les chats. On voudrait pouvoir déchiffrer, dans ses derniers états, le palimpseste de textes qui se sont inscrits, les uns après les autres, dans ses fibres, formules poétiques, notices d’utilisation, slogans publicitaires ou listes de composants. On devine que l’écrivain, lui, préfère ne pas savoir, ne pas avoir à choisir: savoir que 50.000 de ses livres sont broyés à Vigneux, ou qu’il n’en a vendus (offerts?) que cent, qui ont bouleversé le lecteur.

    Lu dans :
    Comment les livres deviennent des boîtes à pizza. Le cauchemar du pilon. Pierre Jourde. Bibliobs.com. Le site du Nouvel Observateur
    http://bibliobs.nouvelobs.com/20081030/8211/le-cauchemar-du-pilon

    Commentaire by chantal — 12 novembre 2008 @ 6:51

  4. Hélas, cette histoire de pilon est bien vraie…

    Commentaire by Lali — 12 novembre 2008 @ 7:21

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