Anecdotes de libraire 8
Il venait tous les vendredis. Et s’il ne pouvait venir, il m’appelait pour me dire qu’il ne viendrait pas. J’étais sa mémoire. Je savais ce que sa femme aimait. Je savais ce qu’il lui avait acheté dans la dernière année et je l’empêchais d’acheter deux fois le même livre. Il faut dire qu’il ne lisait pas. Son dada, c’était le modélisme. Il pouvait travailler des heures à monter des avions, à construire des villages autour d’une gare, à poser un à un les mâts et les voiles d’un bateau miniature. Et il en parlait avec une telle passion que je souriais. J’aime voir les gens heureux, je n’y peux rien.
A-t-il trouvé quelqu’un qui retienne les titres qu’il achète? Y a-t-il quelqu’un qui ait pris le temps de téléphoner à sa femme parce qu’elle ne peut se déplacer pour connaître ses goûts? Ou va-t-il de librairie en librairie cherchant celui ou celle à qui il demandera Je vous dérange? et qui lui répondra en souriant Le jour où personne ne me dérangera, je fermerai boutique.
Souhaitons qu’il n’en soit pas ainsi et que le jour où il a franchi la porte de la librairie peinte par Michael Ewart, il ait trouvé le sourire qu’il attendait.

C’est un très beau message Lali.
Espérons pour ce Monsieur que ton voeux se réalise.
Commentaire by Denise — 17 avril 2008 @ 9:14