Lali

5 septembre 2010

En vos mots 178

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

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Une fois de plus une toile s’offre à vos mots afin que vous puissiez la raconter, en vers comme en prose, en vous servant d’un poème ou d’une citation. Dire ce qu’elle évoque pour vous, puisque c’est là le but de la catégorie En vos mots : vous faire écrire.

Puisse donc cette toile de l’artiste australien Gary Shead vous donner envie d’écrire afin que dans sept jours, au moment de la validation en bloc des commentaires, nous puissions vous lire.

D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!

5 Comments »

  1. Carmen est maigre, un trait de bistre
    cerne son œil de gitane;
    Ses cheveux sont d’un noir sinistre;
    Sa peau, le diable la tanna.

    Les femmes disent qu’elle est laide,
    Mais tous les hommes en sont fous;
    Et L’archevêque de Tolède
    Chante la messe à ces genoux;

    Car sur sa nuque d’ambre fauve
    Se tord un énorme chignon
    Qui, dénoué, fait dans l’alcôve
    Une mante à son corps mignon,

    Et, parmi sa pâleur, éclate
    Une bouche aux rires vainqueurs,
    Piment rouge, fleur écarlate,
    Qui prend sa pourpre aux sang des cœurs.

    Ainsi faite, la moricaude
    Bat les plus altères beautés,
    Et de ses yeux la lueur chaude
    Rend la flamme aux satiétés;

    Elle a, dans sa laideur piquante,
    Un grain de sel de cette mer
    D’où jaillit, nue et provocante,
    L’acre Vénus du gouffre amer.

    Théophile Gautier

    Commentaire by nina — 5 septembre 2010 @ 16:26

  2. Qu’ils me semblaient lointains tous ces regards lourds de pitié quand je leur ai annoncé que mon destin, si bien tracé pourtant, pendant des années de labeur, n’allait pas se terminer comme je l’avais prévu.

    Déjà que la veille, quand le docteur m’a annoncé qu’il ne me restait que quelque six mois, voire sept, pas plus, à vivre, j’avais détecté chez lui une commisération qui m’avait jusqu’alors échappé.

    Bien sûr que le choc a été terrible et que, malgré moi, quelques larmes m’ont échappé. Après tout, l’être humain n’est pas préparé pour qu’on lui annonce une fin si brutale et définitive.

    C’est donc en rentrant chez moi, après avoir cherché mon vieux vinyle Harry Belafonte, que je me suis laissé bercé par la douceur de Try to remember, qui ma paru plus magnifique que jamais malgré les craquements dus à l’usure, qu’il m’est venu l’envie d’ouvrir une bouteille de Quinta do Monte D’Oiro Reserva 2004 et de le savourer lentement, comme si j’avais l’éternité devant moi.

    Toute la nuit je me suis demandé ce que j’allais faire. Prendre la chose comme une terrible punition et me plaindre jusqu’à la miséricorde ou alors….
    Je pense que j’ai pleuré quelques fois. Après tout, les grands moments de l’existence, ça s’arrose, comme ont dit…

    Le matin venant, j’ai annoncé que je quittais tout. Appartement luxueux, voiture, boulot… tout et j’allais réaliser le plus cher des mes rêves. Prendre le temps de vivre…

    Après tout, combien d’entre nous dans leur insouciance seront capables de dire, avec certitude qu’il leur reste six mois d’existence?… Aucun. Moi si.

    Ma maison au bord de mer est on ne peut plus modeste. Il y a une cuisine, une chambre assez grande et puis une pièce qui fait office de salle à manger et de bureau. Cela dépend des heures. Cela dépend des envies. De toute manière je passe le plus clair de mon temps dehors. Assis a regarder la rivière passer, inlassablement, se noyer dans le vaste océan et cela me donne une paix intérieure qu’aucune philosophie ne pourrait jamais me donner.

    Depuis deux mois tout le monde semble m’avoir oublié. Je n’ai plus de nouvelles de personne. Mon blog n’intéresse apparemment plus grand-monde, puisque j’étais à une quinzaine de visites la dernière fois que j’ai consulté les statistiques. Faut croire qu’il y a des gens qui s’égarent…

    Sinon, tout va bien. Je suis presque seul, toute la journée. Je dis presque, puisque Boule de Poils vient me rendre visite tous les jours depuis de longues semaines. Un jour il est venu, saignant d’une patte. J’ai lavé sa plaie et puis je lui ai donné à manger et depuis lors il vient me visiter chaque jour. Quelquefois il s’allonge et reste des heures, d’autres fois il part presque aussitôt.

    La boulangère m’a dit que les gens dans le village murmurent que je suis un peu fou. Il parait même que je serais un vieil écrivain sans succès et un peu alcoolique qui est venu s’isoler suite à une déception amoureuse. Je n’ai pas jugé bon la contrarier. Je lui ai souri avant de lui souhaiter une excellente journée.

    Maria vient deux fois par semaine. Je pense que la pauvre a vraiment besoin de l’argent que je lui donne, puisqu’elle n’arrête pas de se plaindre pour tout et pour rien.
    Aux dernières nouvelles, j’aurais laissé trainer une tasse à café sur la table et il y a une tache qui malgré ses efforts, ne partira plus, puis j’ai oublié de mettre de l’eau dans un fond de casserole avec du riz, qu’elle a eu terriblement du mal à nettoyer. Il manque une chaussette qu’elle ne trouve plus. Rien que des drames!…

    Je pense que Maria va faire partie de ces rares êtres qui vont beaucoup me manquer. J’adore son air cérémonieux avec lwquel elle me dit, au moment de rentrer, que je dois faire attention sinon il va encore m’arriver quelque chose…
    Bêtement je lui réponds : Que voulez-vous qu’il m’arrive, alors que cela me donne envie de lui offrir un éclat de rire, mais j’ai peur qu’elle se vexe de si peu.

    La plupart du temps je me lève avant l’aube. J’entends chanter la nuit. Le vent dans les feuilles, une cigale qui chante, l’eau qui coule et tant d’autres choses que je n’arrive pas à définir. Un matin Boule de Poils m’attendait et n’a pas semblé surpris de me voir debout si tôt.

    Je me suis assis, par terre, à côté de lui et nous avons attendu ensemble ce moment où le ciel se fissure tout doucement et sans bruit pour laisser apparaitre les premiers éclats du jour. Quel émerveillement!… Qu’il est bon d’être vivant!…

    Commentaire by Armando — 8 septembre 2010 @ 4:22

  3. LE KANGOUROU

    Le kangourou dans son coin,
    les observe de loin.

    La mer rythme leur amour.
    Elle apporte le thé.
    Il lui écrit des poèmes.

    Tout à coup la vague se brise!
    Le cabaret tombe.
    La feuille part au vent.

    Le kangourou de loin
    ricane dans son coin.

    Flairjoy

    Commentaire by Flairjoy — 8 septembre 2010 @ 9:29

  4. Je t’aime

    Je t’aime pour toutes les femmes que je n’ai pas connues
    Je t’aime pour tous les temps où je n’ai pas vécu
    Pour l’odeur du grand large et l’odeur du pain chaud
    Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
    Pour les animaux purs que l’homme n’effraie pas
    Je t’aime pour aimer
    Je t’aime pour toutes les femmes que je n’aime pas

    Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu
    Sans toi je ne vois rien qu’une étendue déserte
    Entre autrefois et aujourd’hui
    Il y a eu toutes ces morts que j’ai franchies sur de la paille
    Je n’ai pas pu percer le mur de mon miroir
    Il m’a fallu apprendre mot par mot la vie
    Comme on oublie

    Je t’aime pour ta sagesse qui n’est pas la mienne
    Pour la santé
    Je t’aime contre tout ce qui n’est qu’illusion
    Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
    Tu crois être le doute et tu n’es que raison
    Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
    Quand je suis sûr de moi.

    Paul Eluard

    Commentaire by Denise — 9 septembre 2010 @ 11:25

  5. Ecriture polymorphe

    Assis sur ton seuil,
    Moai, rets de tout bois,
    Aux cris des scarabées
    secs et rabougris,

    Tu écris…

    Le volume case le mer
    Et coud la bouche des palmiers
    De louanges effeuillées.
    Ta femme s’en débarrasse,
    L’embrassant, un peu lasse.

    Tu écris,
    D’un bon mot, puis d’un autre…

    En sautoir balustrade,
    Surpris entre les collines
    Du matin frais,
    Rapa Nui s’est levé.
    Les ancêtres sont tombés,
    Enterrés sous le sable d’or.
    Statufiés.

    Ô Pâques polynésienne,
    A l’ombre qui se dresse,
    Tu écris…

    Commentaire by Oxy — 12 septembre 2010 @ 6:49

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