En vos mots 126
Ce n’est pas une toile que je vous offre ce dimanche, mais bien deux, sur un même thème. Aurez-vous envie de les raconter toutes les deux, de les faire se répondre? De nous livrer le contenu d’une des deux lettres? De raconter en vos mots les personnages peints par l’artiste écossais Jack Vettriano?
Il n’y a pas de lignes directrices, il n’y a que le chemin que vous choisirez d’emprunter. Et pour cela, vous avez sept jours, puisque les toiles resteront accrochées une semaine avant que je ne valide les commentaires qui se seront accumulés.
Puissent ces toiles vous révéler des secrets que nous lirons dimanche prochain. D’ici là, bonne semaine à tous!
New York, été 2005… La voix d’Amalia pleure dans la nuit. Encore une fois. Comme elle a si souvent pleuré.
Quelque part perdu dans la nuit, un homme lit encore la lettre d’un amour impossible. Un de ces amours qu’on aime la vie durant, parce qu’un jour on s’est aimé d’amour.
D’autres femmes sont venues remplir le vide de ses nuits. D’autres femmes, sont venues raviver sa blessure. D’autres femmes… Toujours d’autres femmes….
Ces quelques mots, écrits avec la tendre fougue de son écriture, sont les seuls parfums de femme qu’il respire. Et l’amour sera toujours là. Sans absences.
…
Dans un vieux quartier de Lisbonne, Manuela lit encore une fois la lettre qu’elle voudrait tant envoyer à Raul. Lui déclarer sa flamme. Lui dire qu’elle l’aime d’amour. Lui dire qu’elle changerait de vie pour lui. Pour lui appartenir nuit et jour. Pour l’avoir à ses côtés…
Elle voudrait lui dire que toutes ses nuits, tous ces hommes n’ont été qu’une manière de survivre, un chemin qui l’a conduite à lui. Vendre son corps est une chose. Offrir son amour…
Dans un vieux quartier de Lisbonne, la voix d’Amalia pleure dans la nuit. Une fois encore. Comme elle pleure si souvent.
Comment by Armando — 8 septembre 2009 @ 20:02
Comme tu étais belle tout à l’heure, alors que le garçon te guidait vers notre table. Belle, lumineuse, fière, assurée … Pourquoi n’ai-je pas suivi l’élan de mon coeur ? Au lieu de me lever si froidement, t’invitant à t’asseoir sans même t’offrir un baiser .
Nous nous étions donné rendez-vous deux jours auparavant. Par téléphone. « Mangeons ensemble, nous en parlerons » Une fausse sérénité face à notre amour qui ne tient plus debout. Disloqué. En parler … j’avais si peu de mots, ou des mots si lourds et la gorge sèche; j’ai écrit. Des mots tremblants qui ont déchiré le papier. Des mots qui voulaient que je te rende ta liberté, qui voulaient me faire croire que c’était ce que je voulais .Ignorer la douleur et croire encore à ta main sur mon torse, demain. Ignorer le vide, et croire encore à tes yeux accrochés aux miens. Ignorer le manque, et tenir encore ta tête dans mes mains… Mais, tu avais toi aussi, une lettre. Une lettre apportée pour le dîner. Mes rêves suivent les volutes de ma cigarette et partent en fumée. J’ai peur si je lâche ta lettre, j’ai peur qu’elle glisse sur la nuit du parquet. J’ai peur de te perdre, à jamais !
(Hespérie dans la peau de Paul)
Paul,
Il faut certainement beaucoup d’amour pour joindre son destin au destin d’autrui, mais il faut également beaucoup d’amour pour savoir dire non et choisir un autre chemin.
Je pars. Loin. Je pars pour t’oublier. Pour oublier qu’on s’est offert l’un à l’autre uniquement parce que l’amour. Sans autre promesse que de nous aimer.
Désormais, entre nous il y aurait à jamais le souvenir douloureux de cette gifle, un soir où la jalousie l’a emporté à la raison. Tes déclarations d’amour et tes regrets de ce soir n’effaceront jamais l’humiliation de cet instant.
Plus rien ne pourra naître. Seule la violence peut rendre les cœurs stériles.
Je t’aime mais je refuse de vivre dans la peur. Parce que désormais je sais à quelle race d’hommes tu appartiens. Je t’offre l’occasion d’apprendre la différence entre appartenir et aimer.
Je pars, Paul. J’apprendrai avec les années à dissoudre dans la fumée amère de mes souvenirs cet amour qui était si entier.
(Armando)
Comment by Armando et Hespérie — 9 septembre 2009 @ 17:20
Je ne suis pas encore venue dire à Armando combien son texte est sensible.
Et puis que je le remercie d’avoir accepter cette « association » pour En vos mots !
Merci Armando
Bisous
Comment by Hespérie — 18 septembre 2009 @ 17:37