En vos mots 957

Décidément, le mois d’août a filé à toute vitesse puisque nous entamons sa dernière semaine. On le remarque d’autant plus que les journées sont de plus en plus courtes. Il ne faudra plus beaucoup de temps avant que la lumière nous manque cruellement.
En attendant, profitons de l’été qu’il nous reste. Grimpons même aux arbres si on est en mesure de le faire. Peut-être y rencontrerons-nous Cosimo, le personnage central du roman d’Italo Calvino, Le baron perché, tel que l’a imaginé l’illustrateur espagnol Roger Olmos, à qui je vous propose de donner vie.
Comme le veut l’habitude, aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc amplement le temps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier, et même de commenter ceux-ci si vous le souhaitez.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les lisent.
Les premiers rayons du matin éclairent un Cosimo heureux, plongé dans l’une des nombreuses oeuvres expédiées régulièrement par la Grande Librairie de Livourne. Grâce aux soins des bons libraires, il ne manque jamais de lecture, et est fourni en ouvrages anciens tout comme en dernières nouveautés.
Un peu plus tard dans la journée, il prendra la plume pour répondre à Voltaire. Et peut-être que cette semaine, il recevra réponse à la dernière missive envoyée à Rousseau. Il s’amuse beaucoup de la querelle opposant ces deux-là, concernant l’intervention ou non de la bonté divine et de la Providence. Tous deux en tout cas lui font part du même type d’interrogations au sujet du sens de son existence. Et il a bien l’impression qu’au coeur de l’intérêt qu’ils lui portent et de l’étonnement qu’ils manifestent à son égard, pointe une bonne dose d’envie. Car Cosimo, depuis l’âge de douze ans, n’en pouvant plus de subir sa famille, tous et toutes gouvernés par quelque folie, vit dans un arbre sans jamais plus toucher le sol du pied.
A ces philosophes curieux, il ne raconte pas tout de ses diverses aventures, y compris amoureuses. Il garde jalousement son jardin secret. Mais ses activités son multiples, et tout cela sans quitter son chêne.
A vrai dire il est passé maître dans l’art de voyager d’arbre en arbre, et c’est toute la forêt au moins qui est devenue son royaume. De là-haut, il observe non sans commisération les bassesses humaines. Mais ils se lie aussi avec d’honnêtes gens.
Même s’il se repaît des livrées successives de l’encyclopédie de Diderot et d’Alembert, il s’est initié à la typographie, et ne résiste pas à imprimer lui-même de petits périodiques, dans lesquels il exalte le sens de la vraie liberté, et montre quelle sorte d’intelligence on peut développer en dehors des idées reçues et de toute routine quand on vit perché.
Il s’est lié d’amitié avec une colonie d’émigrés espagnols, amenés à vivre eux aussi dans les arbres, et éprouve la grande satisfaction d’avoir pu raisonner un bandit de grands chemins ayant fini par renoncer à perpétrer ses méfaits suite à sa rencontre avec un humanisme qu’il ignorait, et au travers de la littérature.
Grâce à la taille des arbres qu’il effectue pour quelques paysans, Cosimo gagne de modiques sommes, suffisantes pour entretenir son mode de vie. Et il s’est muni de tant de barriques d’eau, qu’il ne craint désormais ni la soif ni les incendies.
Aujourd’hui, bien qu’on puisse le croire blasé, Cosimo se sent quelque peu fiévreux. Il a déjà reçu bien des personnalités, dont par exemple le prince André, héros de Tolstoï. Mais demain il n’accueillera pas n’importe qui. Et sur la toile cette fois brodée tendue entre les branches, faisant office de nappe, il a mis les petits plats dans les grands. Hier il a fait monter les meilleurs vins, et des sièges digne de son hôte. On a même construit pour Napoléon Bonaparte un escalier. Car oui, celui que Cosimo attend demain est l’empereur en personne.
Commentaire by anémone — 29 août 2025 @ 11:37
Je suis bien. Assis sur ma branche. Seul ou presque. Puisque Yourcenar, Tesson, Sylvie Germain, Ken Follett, Carlos Ruiz Zafón, Marie Nimier et quelques autres y sont. À portée de cœur. Être seul dans le monde des mots écrits à l’encre endormie depuis longtemps n’est pas être vraiment seul. Leur compagnie silencieuse ouvre les fenêtres de ma fantaisie et je m’envole vers le monde des mes rêves.
Moi qui ai si souvent rêvé d’ailleurs. En couleurs. Rêvé d’être attendu. Désiré, comme un ami qui nous manque. Trouver au but du voyage cette amitié qui se réjouit de la promesse du temps que nous allons partager ensemble. Comme pour dessiner ce bonheur de quelques jours, plus tard, lorsque les jours gris voudront faire le deuil de nos rêves.
Aimer est plus fort que d’être aimé, martelait le chanteur.
Et je crois que c’est vrai. À condition d’être aimé. Et je sais, désormais, que je ne le serai jamais suffisamment. Au point qu’on m’offre un peu de ce temps qui passe et qui tresse des liens. Qui construit de solides amitiés et des souvenirs heureux.
Tant pis. C’est ainsi. Depuis toujours. Depuis que j’ai la mémoire des choses. Et que mes mots sont venus nommer mes pleurs.
Et pourtant j’aurais aimé sentir un jour couler dans la mémoire de mes veines ce bonheur d’un temps partagé sans contrainte. J’aurais voyagé au bout du monde pour cela. Ce sera pour dans une autre vie. Peut-être…
Et me revoilà avec mes souvenirs, quelques tristesses vides, et seul. Enfin, pas tout à fait…
Marie Laberge, Gabrielle Roy, Marie Uguay, Virginie Dussault, Mélissa Grégoire, Nathalie Plaat et quelques autres sont là. Comme des amies fidèles qui veillent sur moi. Pour que je ne sois pas tout a fait seul.
Commentaire by Armando — 29 août 2025 @ 23:46
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Commentaire by anémone — 19 septembre 2025 @ 5:42