Lali

13 octobre 2024

En vos mots 912

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

Déjà la mi-octobre… Est-ce ce au temps qui passe trop vite que pense le lecteur imaginé par l’illustratrice Christelle Le Guen? Peut-être ou peut-être pas. À vous de nous le dire. En vos mots. Comme vous le faites si bien semaine après semaine depuis des années.

Aucun commentaire ne sera validé avant dimanche prochain. Vous avez donc plus que le temps d’écrire quelques lignes et de lire les textes déposés sur la scène livresque de dimanche dernier. C’est avec plaisir que nous vous lirons.

D’ici là. bon dimanche et bonne semaine à tous les envosmotistes et à celles et ceux qui les liront.

2 commentaires »

  1. Ma chère B.,
     
    Il se pourrait bien qu’une nuit je me réveille, sans penser à rien. Que je n’entende plus ces pas lourds qui se promènent dans le dortoir, avec la crainte qu’ils s’arrêtent au pied de mon lit. Cette peur d’être choisi. Nouveau jouet qu’on prend et qu’on délaisse aussitôt le plaisir rassasié.
     
    Il se pourrait qu’un jour je regarde le ciel sans y penser. Comme un enfant qui regarde chaque chose et la découvre. Sans y penser. Avec la curiosité et l’émerveillement innocent de la première fois. Comme si chaque battement de cœur devenait le souvenir vierge d’une existence nouvelle. Sans passé. Sans mémoire. Sans questions. Sans réponses. Surtout sans réponses. Ceux qui nous répondent n’ont pas vécu nos questions. Ils les entendent. Ils cogitent sur les mots dits. Mais ils ne connaissent pas la brûlure de la question. Ils ne connaissent que  les mots qui la composent. Sujet, complément, verbe. Bescherelle peut donc dormir paisiblement.
     
    Il se pourrait que nos vies se croisent. Comme un Noël au mois d’août. Et que la tendresse revienne. Que des gestes doux d’enfants qui se redécouvrent. Le souvenir flou d’une vie ancienne. La pudeur serait plus forte que nos larmes. Le silence. Surtout ne pas gaspiller nos mots à regretter le long interlude de nos vies.
     
    Il se pourrait qu’un jour j’arrive à regarder le monde sans la tristesse blanche de Nelligan. Sans la douleur de Florbela. Sans les solitudes de Marie Uguay, Pessoa, Guérin… Sans me souvenir que  « L’heure m’est un tourment cruel, et que tous les livres ne pourraient endormir ce mal fort et subtil »… Il me semble que Lozeau a puisé dans mon sang l’encre des mots que son cœur lui a dictés.
     
    Il se pourrait qu’un jour je n’aime plus. Ni le silence. Ni la musique. Ni la Lune. Encore moins les poètes. Ce jour-là je serai comme un nouveau-né, qui découvre le monde. Sans passé, sans mémoire, ni craintes du temps qui passe. Assouvi par la découverte de chaque instant. De chaque chose nouvelle. Serein et apaisé. Enfin. Il se pourrait. Bien sûr qu’il se pourrait.
     
    Je t’embrasse.
     
    A.

    Comment by Armando — 13 octobre 2024 @ 8:37

  2. Dans la bibliothèque du manoir, il se retire souvent pour créer. Certains peignent des tableaux, d’autres réalisent des sculptures, et d’autres encore composent des sonates ou des symphonies. Lui, il fabrique des boîtes ressemblant à des boîtes à musique, mais qui sont en réalité des boîtes à mots, d’où s’échappent des centaines de lettres comme s’il s’agissait de notes formant des mélodies. Car les mots possèdent chacun leur musique. Les lettres s’égaillent partout, dans les airs, sur sa chemise… Et elles viennent former des mots selon l’heureux hasard des rencontres. Le meilleur choix de lieu pour confectionner ces boîtes est donc, on le conçoit bien, la bibliothèque.
    Notre ami excelle depuis toujours dans cet art subtil. Et ses boîtes ont presque toujours la forme du château qu’il affectionne et qui l’a vu naître. Quant aux livres, dès qu’il ouvre la porte de la grande pièce chargée d’étagères, il en est toujours une floppée qui accourt vers lui et l’entoure, grimpe sur son chapeau, et lui murmure des mots doux à l’oreille, afin de le remercier de sa visite et de toute l’attention et l’amour qu’il leur porte.
    Monsieur Valentin aime les livres. Et ceux-ci le lui rendent bien.

    Comment by anémone — 15 octobre 2024 @ 17:12

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