Sur les traces de Pessoa 12
Elle est allée au hasard. La lectrice de Balthus aime bien faire ainsi. Parce que pour elle, il n’y a pas de hasard. Arrive ce qui doit arriver parce qu’on ne choisit pas. Parce qu’on n’hésite pas. Et c’est ainsi que ces vers tirés de Poèmes païens de Pessoa sont venus jusqu’à elle.
Avant nous à travers les mêmes arbres
Le vent soufflait, quand il faisait du vent,
Et les feuilles ne bougeaient pas
D’une autre façon qu’aujourd’hui.
Nous passons. nous nous agitons, en pure perte.
Nous ne faisons pas plus de bruit dans tout ce qui existe
Que les feuilles des arbres
Et le souffle des vents.
Lors par délaissement assidu essayons
De confier tous nos efforts à la Nature
Et de pas vouloir vivre plus fort
Que ne vivent les arbres verts.
Inutiles, les grands airs que nous nous donnons.
À part nous-mêmes, rien de par le vaste monde
Ne salue notre grandeur, rien
N’est enclin à sur nous se régler.
Si sur ce rivage, ici, mes empreintes,
Sur le sable, la mer en trois vagues, trois, les efface,
Qu’en sera-t-il sur la haute plage
Où la mer est le Temps?
Humilité et sagesse…
Comment by chantal — 7 février 2009 @ 20:24
« Il n’y a pas de hasard » me semble être en contradiction absolue avec Pessoa. Chez Pessoa, il n’y a que du hasard. Mais du hasard qui, arrivant, prend l’apparence du nécessaire…
Comment by Cinqasept — 7 avril 2012 @ 4:47