Il est resté quelque temps dans sa vie
Il est resté quelque temps dans sa vie. Pas immensément longtemps. Quelques mois. Si peu de temps, finalement. Et tant qu’ils ont vécu séparément, tout allait bien. Enfin, c’est ce qu’il raconte, maintenant qu’il est parti vivre seul dans un studio de la grandeur d’un mouchoir de poche à l’autre bout de Montréal. Maintenant qu’il l’a laissée à ses montagnes de livres et à son fils.
Il est resté quelque temps dans sa vie. Et je ne sais pas comment lui dire que je le trouvais froid, tellement froid et cartésien à côté d’elle si vivante. Parce qu’il n’aimait pas les livres et encore moins la lumière qui éclairait son visage quand elle parlait d’eux. Comme il y a tout juste un mois alors que nous nous emballions toutes les deux pour un livre que nous avions lu, sous son regard presque réprobateur.
Il est resté quelque temps dans sa vie. Il ne pouvait pas aimer une femme qui aimait les livres.
*sur une toile de David Anderle