En vos mots 536
Un livre, une tasse de thé ou de café. Une scène toute simple qui réchauffe le cœur, de l’artiste Olha Pryymak, que je vous propose de faire vivre. À votre façon. En vos mots. Comme vous le faites si bien, semaine après semaine, depuis plus de dix ans.
C’est avec plaisir que nous lirons vos textes dans sept jours, et pas avant, car aucun texte ne sera validé avant le prochain accrochage.
D’ici là, bon dimanche et bonne semaine à tous!
L’ami a demandé, bienveillant: tu déjeunes d’abord,
Ou tu te connectes?
J’ai dit: je fais les deux en même temps!
Je le sais, ce n’est pas bien.
Il a dit: prends un engagement.
Tu déjeunes en premier, dès demain matin,
Puis tu te connectes.
J’ai essayé.
D’autant que de son côté, il s’engageait à faire de même.
Pendant quelques jours, cela a marché.
Mais guère davantage.
J’étais trop tentée.
Alors j’ai pensé:
Comment faisais-je, avant?
Je lisais, que diable!
Ou j’écrivais, parfois.
Alors j’ai retrouvé mon carnet fidèle,
Ou bien je laisse traîner sur la table
Une revue, une brochure, un livre.
Que pense mon ami de ce deal?
Je ne lui en ai rien soufflé!
J’en ai conscience: je n’ai pas résolu le problème
De ne pouvoir faire une seule chose.
Mais voilà, c’est mon secret,
Et entre nous: mon subterfuge
Semble remplir de réjouissance
Mon coeur, mes livres, et mon carnet.
Si ma promesse est un peu lettre morte,
Mon carnet lui au moins, revit,
Et se couvre à nouveau de notes!
Comment by Anémone — 16 juillet 2017 @ 10:11
Tantôt en rime tantôt en prose
Quelques injures au bon Dieu
Et dans son ciel bleu morose
Des gris nuages trainent un peu
Dans le carnet de mon père
Il y a des éclats de sa vie
Une vierge et des prières
Pour tromper l’insomnie
C’était un amour de jeunesse
Le silence a encore sa trace
Il y a le parfum de la tristesse
Dans ce prénom qui s’efface
Une photo aux coins pliés
Et puis le bonheur qu’on devine
Dans son costume endimanché
Qu’elle est si belle sa ballerine
Dans le carnet de mon père
Il y a des souvenirs endormis
Des grandes vacances à la mer
Avec sa sœur et leur mamie
Et toutes ces nuits à rêver
À noircir des pages blêmes
Sans avoir personne à aimer
Sans jamais avoir dit « je t’aime »
Une vie pour pas grand-chose
J’aurais tant voulu l’aimer
Avant que la tuberculose
Ne finisse par triompher
La jeunesse est à ce prix
Personne ne peut rien y faire
Mais à chaque fois que je lis
Le carnet mauve de mon père…
Comment by Armando — 22 juillet 2017 @ 8:06
Le café du petit-déjeuner
Avec un morceau de sucre candi
Dans une tasse de porcelaine
Ou de faïence
Un petit Rien
Et un livre…
Un polar haletant qu’on ne parvient pas à lâcher
Qui a tué
Et pourquoi
Un livre dont une page s’est détachée
Une page baladeuse qu’il me faut recoller
Une saga Et une page orpheline
Une page blanche
Paraît que ce serait la maladie de l’écrivain
Ou une nappe blanche
Une vieille nappe à carreaux
Reprisée
Une nappe provençale
Le tableau de la nappe de la tasse et du livre
Un chat qui lèche un peu de lait – même si on ne le voit pas
Ou qui vole une croûte de fromage
La pluie derrière les vitres
Ou le beau temps
Un peu de vent dans les branches des grands fantômes
Ce sont fantômes que vent emporte
Et des vies derrière moi, derrière chaque fenêtre,
Six baies vitrées par étage, vingt et un étages
j’ai le tournis
De nuit comme de jour
Reprenons
Un livre
Un café
Un chocolat
Un thé
Un chat
Une page blanche
La maladie de l’écrivain
Etc. etc.
Comment by Pivoine — 23 juillet 2017 @ 7:53
Les mots d’ Armando sont tellement tout …trop beaux …:-)
Comment by Mathilde — 30 juillet 2017 @ 8:06
Merci Mathilde. Touché.
Comment by Armando — 31 juillet 2017 @ 15:40