Poèmes du Brésil 10
Les colombes
La première, au réveil, prend son vol. Et d’instinct,
Une autre, puis une autre… Enfin, c’est par dizaines
Que les colombes fuient les colombiers, à peine
Le soleil brille-t-il, sang frais dans le matin.
Le soir, sur l’âpre vent du nord qui siffle et geint,
Les voilà de nouveau, les colombes sereines,
Dans l’ébouriffement, la vibration de pennes,
Rentrant toutes par bande en un vol souverain.
Ainsi s’enfuient du cœur – par leur crèche originelle –
Nos rêves, un par un, en preste ribambelle,
Comme du colombier ces oiseaux bien-aimés…
Au bleu de la jeunesse ouvrant leurs grandes ailes
Les colombes s’enfuient pour revenir, fidèles.
Mais les rêves, au cœur, ne reviendront jamais.
Raimundo Correia
(dans Poèmes du Brésil, choisis traduits et présentés par Bernard Lorraine)
*choix de la lectrice de Brice Le Reun