Lali

28 août 2008

Anecdotes de libraire 22

Filed under: Anecdotes de libraire,Couleurs et textures — Lali @ 6:01

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Il y avait toujours à cette époque de l’année quelque chose qui me désespérait. Des parents, en fait. Ceux-là qui n’avaient pas hésité à acheter tous ces vêtements à la mode, avec le nom de la marque bien en évidence et qui râlaient parce que sur la liste des effets scolaires, il y avait un dictionnaire tout français, L’art de conjuguer et un dictionnaire bilingue.

Probablement que c’était parce que les livres ne s’exhibent pas…

*toile de Chiu Tak-Hak

2 Comments »

  1. Et oui ! Une voisine me reproche souvent mes achats de livres… et mes vieux jeans… 🙂
    Les dépenses pour la culture passent souvent en dernier dans de nombreuses familles. Certains parents se plaignent du coût de la rentrée (alors qu’une allocation est offerte) mais n’hésitent à acheter de la marque pour des petiots qui vont grandir.

    Commentaire by agnès — 28 août 2008 @ 7:24

  2. Oh! su…per! Les « anecdotes de libraire » que j’ affectionne tant ! Je ne cache pas ma joie,… Merci Lali.
    Ah ! ces librairies « à l’ancienne »…. comme j’aimerais en avoir une à Fontainebleau ! Il me faut aller à Paris pour les trouver !

    En effet, Lali il y avait de quoi désespérer !!! Les marques passent et trépassent… les livres sont éternels.
    J’ai toujours la nostalgie de mes rentrées scolaires et celles de ma fille !
    quel bonheur c’était d’aller commander et réceptionner ces livres, puis sous les yeux ravis de mon trésor,les recouvrir pour les protéger. Ils sont si précieux ! En dehors de l’amour et de la tendresse prodigués, il n’y a pas de plus belle transmission des parents à leurs enfants, que celle des livres. Tout ce qui va les aider à se construire, développer leur imaginaire et leur permettre d’acquérir tout un savoir. Sans doute, ces parents « râleurs » n’ont pas le sens des vraies valeurs, leurs propres parents ne leur ayant pas transmises ! Dommage pour leurs enfants !

    En espérant ne pas vous ennuyer, permettez que je partage cet extrait de ce très beau livre :
    Enfants des sables : une école pour les Touaregs; Auteur : Ibrahim Ag Assarid | Moussa Ag Assarid

     » Le hasard et un drame nous ont mis sur le chemin de l’école. Le hasard d’abord a éveillé chez nous une curiosité nouvelle. Nous vivions dans le désert et passions nos journées à courir derrière les chèvres et les moutons. Nous ignorions l’existence des livres et des mathématiques. Nous ne nous posions même pas la question de l’avenir. La vie, c’était le jour qui se lève, les bêtes qui attendent, le thé qui bout et les traces de chameaux que nous suivions pendant des jours.
    Mais une journaliste du Paris-Dakar arrêta un jour son 4×4 devant notre campement. Alors qu’elle parlait avec notre père, un livre tomba de son sac. Moussa le lui rendit. Elle le lui offrit. C’était Le Petit Prince, de Saint-Exupéry. Dès lors, nous passâmes des soirées entières à feuilleter les pages du livre et à rêver devant ce petit bonhomme blond qui ne nous ressemblait pas mais vivait au milieu des dunes. On le voyait parfois sur une autre planète et nous songions que nous aussi nous avions notre planète. Nous voulions percer le mystère de son histoire. Et les mots dansaient en face des dessins sans rien révéler. Ils étaient une énigme que nous ne pouvions percer tout seuls.
    Nous sommes allés voir notre père pour qu’il nous raconte l’histoire de ce garçon si différent et pourtant si proche de nos rêves d’enfant. Il nous a répondu : «Je ne sais pas lire car je ne suis pas allé à l’école.» Nous n’eûmes alors plus qu’un désir : aller à l’école pour apprendre à lire. Mais nos parents refusaient de nous laisser partir. Nous devions rester au campement pour nous occuper du troupeau et de la famille. Nous avions un sentiment d’injustice terrible : pourquoi l’instruction nous était refusée ? Pour Moussa, ce désir d’aller à l’école devint une obsession, une mission. Non seulement pour nous deux, mais aussi pour l’honneur de la communauté.

    Moussa : Depuis que j’avais découvert Le Petit Prince, je voulais moi aussi explorer d’autres planètes. Le désert m’enfermait. Pour l’aimer, je devais pouvoir en sortir. La nourriture physique ne me suffisait plus. Le Petit Prince me le disait chaque jour.
    N’y tenant plus, j’ai décidé un soir de partir à pied à Gao pour aller à l’école. Le lendemain matin, dès l’aube, je suis allé tirer le lait de la chamelle, j’ai gardé le lait et me suis mis sur la route pour Gao. Je devais parcourir 80 kilomètres. Je me moquais de la distance. Seul comptait mon but. J’ai longé la route le long du fleuve Niger pour ne pas mourir de soif. C’est là que j’ai rencontré un Touareg, comme moi habillé de bleu. Il avait environ dix-huit ans. Son boubou était en lambeaux et ses pieds en sang, ses chaussures tellement usées qu’elles ne le proté geaient plus de la terre. Il marchait seul depuis dix jours. Nous poursuivions tous deux notre rêve. Moi, d’aller à l’école, lui de partir à l’aventure en Libye pour travailler, gagner de l’argent et revenir s’acheter des animaux et un 4 x 4. Le rêve de beaucoup de Touaregs. Quand nous avions faim, nous descendions dans les jardins manger des tomates. Une loi tacite au Mali dit que le voyageur qui a faim peut se nourrir dans n’importe quel jardin ou champ. Mais il n’a pas le droit de partir avec des provisions. »

    Moussa Ag Assarid préside également les associations Caravane du Coeur et Ennor France, pour la scolarisation et la santé des nomades. Actuellement étudiant en Master II Management du Développement mention action humanitaire et sociale à l’IRCOM, à Angers, il est par ailleurs pigiste pour RFI et France Culture. Ibrahim Ag Assarid est le directeur de l’École des Sables – Saint-Exupéry qu’il a fondée en 2002. Titulaire d’un BTS informatique, il est aussi musicien et poète pour enfants. Promoteur de tourisme solidaire et de développement durable, il fait également partie de la nouvelle génération pour la liberté d’expression et la démocratie au Mali.

    Commentaire by chantal — 28 août 2008 @ 9:43

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