
Avec La peau des doigts, Katia Belkhodja signe un premier roman déroutant, suite de rendez-vous ratés, de valses-hésitations, de détours et de regards, de baisers et de belles phrases. Parce que, peut-être : « L’art, c’est mordre dans l’éphémère. » Un éphémère qui vous éblouit et vous déchire. Qui vous détrousse de vos espoirs et vous entraîne dans le métro de Montréal, dans celui de Paris, dans les rues de Casablanca. Question de suivre les deux Clelia, la grand-mère et la petite-fille, les jumeaux Gan et Frill, dont l’un est amoureux de Yourcenar, une dentiste narcoleptique et Doña l’insaisissable. À moins que ce ne soit le roman lui-même qui soit insaisissable?
Je me suis souvent égarée au détour d’une page, ne sachant plus dans quelle ville je me trouvais et en compagnie de quel personnage, emportée par la poésie des phrases et des images. Emportée aussi par le fil sans cesse cassé par cette volonté de ne laisser qu’images fugitives. Tant et si bien que le livre fermé, on a l’impression d’avoir été envoûté par une écriture le temps d’une centaine de pages. Tant et si bien qu’il reste en tête un sentiment flou, une histoire floue, et la sculpture de Brancusi de la couverture. Et si cette dernière était le fil conducteur? Et si, en voulant à tout prix comprendre, j’avais refusé de jouer le jeu de l’auteure parce qu’elle avait emprunté des chemins déroutants?
Titre pour le Défi Premier Roman