Bien sûr que vous pouvez vous installer où vous voulez pour écrire votre texte qui fera vivre la toile qui vous a été offerte dimanche. Et pourquoi pas au lit, comme semble le suggérer la toile de l’artiste Heidi Reszies Lewis? Tant que vous le faites avant dimanche, huit heures, heure de Montréal…
On n’entend que le vent, un vent violent qui fouette les fenêtres et hurle sa folie. Un vent qui fait se plier les arbres et qui prend toute la place. Un vent de colère que rien ne semble apaiser, pas même les mots qu’elle lui murmure. Des mots pourtant si doux. Des mots avec lesquels elle voudrait le caresser pour que cesse cette rage. Mais ce matin le vent est sourd.
*sur une toile de Laurent Botella
C’est la lectrice du peintre Emilius Baerentzen qui sera la dernière à parcourir le recueil du poète roumain Tudor Arghezi, car d’autres recueils attendent les lectrices du soir. Mais elle ne partira pas sans un dernier poème qu’elle a pris le temps de choisir et que voici :
Remember
Les ans passaient furtifs, comme un murmure.
L’un s’en venait du Nord, par aventure,
L’autre, d’un couchant incertain.
Ils se sont rencontrés,
Remerciés,
Puis, remontant main dans la main
Comme de vieux amis, ont disparu dans le lointain.
Où sont-ils donc? Peut-être ont-ils péri.
Leur poussière sent la poudre d’argent :
Aucun parfum ne ment.
On dirait, sous le crépuscule, un tombeau,
Il était tout près, par ici,
Entre les étincelles et les eaux.
Certains livres n’ont qu’un but : nous faire rêver. Tel est le cas de Gares d’Europe (publié chez Mendès), que je me suis offert hier et dont je ne cesse de tourner les pages avec ravissement. Gares de Paris et de Lisbonne (sur la couverture, d’ailleurs) côtoient celles de Barcelone, de Londres, d’Helsinki, de Copenhague, d’Amsterdam et de nombreuses autres. Quelques paragraphes servent à les présenter, les photos pleine page ou sur deux pages se chargeant du reste. Un livre qui fait rêver, vous dis-je…
Le réfrigérateur où sont rangées les provisions de la fromagerie des Halles d’Anjou — depuis sa récente transformation — est maintenant vitré plutôt qu’opaque. Ce qui nous permet de voir que les pingouins peuvent parfois être des gardiens, ce qui est là une belle façon d’arrêter les passants!
Même si ce blog n’est plus actif, je suis convaincue que le lecteur peint par Édouard Vuillard ne pourra qu’être intéressé à le visiter. Et même qu’il ne sera pas le seul à l’être!
C’est demain que se terminera cette série préparée avec enthousiasme et passion par Armando. Mais il nous restait encore quelques titres à examiner…
Une lettre qu’on déplie. Une lettre dont on avait oublié l’existence. Une lettre d’amour, bien évidemment. Une lettre qu’on replie et que toute la journée on portera sur son cœur. Pour que celui-ci soit au chaud.
*toile de Deborah DeWit Marchant
Parce qu’il ne cesse de neiger sur Montréal depuis hier, j’ai eu envie de ne pas regarder dehors ce matin et de rêver devant le canal du Midi photographié par Chris. Et c’est un bien joli rêve…
La lectrice peinte par Philippe Schulte est allée au hasard, sans ordre. Elle voulait non pas choisir un poème dans le recueil de Tudor Arghezi, mais qu’un poème la choisisse. Et ça a été celui-ci :
Le tendre pas
La solitude en moi, toujours ensemble,
Avons partout fait bonne compagnie;
Ainsi mon âme à la lune ressemble,
Qui se levant fait glacer toute vie.
Le mouvement alentour ralentit;
La ville et ses ruelles diminuent
Et tous les gens qui passent vers midi
Ont des pensées, des phrases inconnues.
À qui conter cette étrange blessure?
Qui écouterait l’âme, sans un mot,
Debout, un doit passé dans la ceinture,
Sans exiger que je parle plus haut?
Tu comprenais d’un geste. Le trésor
Était là, dans ton œil qui me regarde
Et ton esprit connaissait sans effort
Les cieux voûtés qui m’avaient sous leur garde.
Mais quand le doute, épiant, effleurait
La porte vers le rêve entrebâillée,
J’entendais un soulier sur le parquet…
Et la savais pour le doute fermée.