Lali

5 décembre 2010

Poèmes de la mer 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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Marine

Les mâts geignent sous les voiles,
Doucement,
Et bercent dans le gréement
Les étoiles.

Et le roulis si doux,
Si tranquille,
Que le pont semble immobile
Devant nous,

Et qu’à travers le ciel libre,
Au vent frais
Où l’écheveau des agrès
Tremble et vibre,

On dirait que, dans l’air bleu,
Oscillante,
C’est toute la nuit qui, lente,
Roule un peu…

À peine si la mer gronde
Aux bords sourds
D’un récifs que bat toujours
L’eau profonde.

L’humble odeur des foins fauchés
Du rivage
Glisse avec l’odeur sauvage
Des rochers.

L’ombre est orageuse et chaude;
Dans les flots,
Un marsouin, près des hublots,
Souffle et rôde.

Et, sourd murmure à l’avant
Monotone,
J’écoute l’eau qui moutonne
En rêvant.

Oui, ce soir, dans le silence
De la nuit,
Le monde sans fin, sans bruit,
Se balance…

Et je suis aussi bercé
Sur l’eau grise
Je me sens parmi la brise
Balancé,

Au long murmure de la grève
Doux amer,
Par deux infinis, la mer
Et le rêve…

Fernand Gregh, Cent poèmes de la mer

*choix de la lectrice de Fernand Toussaint

Un dimanche en mots 24

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thambos (grec)

Face à la nature dans tous ses états, du calme le plus exquis à la plus extrême violence, de son éblouissante immensité à la beauté de l’infiniment petit, que ressentir? De la crainte? De la joie? Admiration, effroi ou respect? Quelles qu’elles soient, nos émotions sont forcément un curieux mélange de tout cela, que les Grecs appelaient thambos. Ce mot résume, à lui seul, tous les sentiments mêlés qui accompagnent l’hébétement pétrifié que peut inspirer ce qui échappe totalement à notre compréhension.

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p.124

*toile de Jeanette Powell

Un dimanche en mots 23

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älä maalaa pirua seinälle (finnois)

Ce proverbe finlandais se traduit approximativement par : « Il ne faut jamais peindre un démon sur le mur ». Il exhorte à ne pas perdre de temps à imaginer le pire sans raison, car il y a peu de chances qu’il se produise. Parallèlement, l’expression s’utilise comme « croisons les doigts » ou « touchons du bois » en français, pour conjurer le sort lorsque l’on craint qu’un danger évoqué oralement ne survienne pour de bon.

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p.73

*toile de Jeanne Illenye

Un dimanche en mots 22

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bupkis (yiddish)

Littéralement : « haricots ». Aujourd’hui, ce mot signifie soit « rien du tout », soit « une chose qui ne vaut rien », « des clopinettes ». Il s’emploie généralement lorsque l’on est dégoûté ou désespéré. L’expression « je n’ai pas un bupkis » correspond plus ou moins au français « je n’ai pas un radis ».

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p.57

*toiles de Christopher Stott

Un dimanche en mots 21

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koyaanisqatsi (hopi)

Les Hopis vivent dans l’une des communautés les plus anciennement habitées de l’Amérique du Nord. Koyaanisqatsi signifie « une vie déséquilibrée » ou « une existence si aliénante qu’il faut en changer ». Le rythme infernal de certaines grandes villes, particulièrement aux heures de pointe, relève indubitablement du koyaanisqatsi : si vous avez fait la fête ce week-end, si vous avez très peu dormi et que nous sommes lundi matin, vous êtes également en situation de koyaansqatsi.

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p.142

*toile de Liza Hirst

Un dimanche en mots 20

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attaccabottone (italien)

Un « attacheur de boutons » qui vous met le grappin dessus et vous raconte ses malheurs pendant des heures et des heures. On voudrait toujours fuir un attaccabottone mais, allez savoir pourquoi, ce n’est jamais une mince affaire.

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p.23

*toile de Patrick Hughes

Un dimanche en mots 19

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yolki-palki (russe)

Une expression russe assez originale qui, selon les circonstances, peut exprimer aussi bien la surprise que la stupeur ou le plaisir. Elle se traduirait littéralement par : « sapins et bâtons », mais correspond à peu près au français « sapristi! »

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p.55

*toile de Marie Engelina van Regteren Altena

Un dimanche en mots 18

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ada udang di balik batu (indonésien)

Si un Indonésien vous dit ada udang di balik batu, vous risquez d’être surpris de découvrir qu’il vous explique qu’« il y a une crevette sous chaque rocher «. En fait, cette expression signifie que votre interlocuteur semble avoir des intentions cachées. En français, nous dirions qu’« il y a anguille sous roche »… ce qui n’est pas si éloigné.

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p.112

*toile de Fedir Pavlovych Bezverkhnyev

Un dimanche en mots 17

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saudade (portugais)

Une sorte de profonde mélancolie que seuls les Portugais sont censés comprendre. Selon Katherine Vaz… il s’agit d’« une soif des personnes, des époques ou des lieux qui nous manquent, si puissante que c’est justement l’absence qui devient la plus grande présence de notre existence. Plutôt un état qu’un simple sentiment. Dans son ouvrage de 1912 consacré au Portugal, le spécialiste littéraire et traducteur A. F. G. Bell explique quant à lui que « la célèbre saudade portugaise est un désir vague et perpétuel de quelque chose qui n’existe pas et n’existera probablement jamais, de quelque chose d’autre que le présent, un regard tourné à la fois vers le passé et l’avenir. Il ne s’agit de mécontentement actif ni de tristesse poignante, mais plutôt de mélancolie indolente et rêveuse.

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p. 40

*toile de Gerd Renshof

Un dimanche en mots 16

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kas nakharad posht-e man joz nakon-e angosht-e man (perse)

La traduction mot pour mot de ce mot est : « Nul autre que mon doigt ne me grattera le dos ». En d’autres termes : on peut tout faire dans la vie… à condition de ne compter que sur soi-même.

Christopher Moore, Les plus jolis mots du monde, p. 87

*toile signée Harriet Salt

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