Je ne sais pas si elle lisait des histoires à ses filles, comme le fait la lectrice de Marius Bartholoty, parce que je l’ai connue à l’heure où les mères ne lisent plus de contes, parce que leurs filles sont trop grandes et que n’est pas encore venu l’âge d’être grand-mère.
Je sais seulement l’accueil de celle que je ne me rappelle pas avoir appelé Madame, mais toujours Monique. Je sais seulement que de toutes les mères d’amies et et amis, ce n’est que d’elle dont j’ai été proche. J’ai souvenir de diners au restaurant, de soupers chez elle, de gâteaux qu’elle me faisait. J’ai souvenir de ses yeux pétillants qui ne cesseront jamais de pétiller dans ma mémoire. Même si la mort vient de la prendre dans ses bras. Trop vite. De toute manière, c’est toujours trop vite, trop tôt, jamais au bon moment, la mort.
Je sais aussi que devant la mort nous nous trouvons démunis. Avec les mots qu’on voudrait trouver pour apaiser mais qui se dérobent. Avec tous les mots qu’on aurait encore voulu dire, mais qu’on ne dira pas.
Je sais seulement qu’elle aurait voulu entendre de moi une phrase. Une seule. Je l’écrirai ici pour elle. Je suis heureuse. Je sais qu’elle l’entendra.