Lali

2 septembre 2007

Sans la réveiller

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:46

bly 3

Elle se sera endormie une fois de plus, le livre ouvert. Comme si souvent. Il la regardera, ému, comme chaque fois qu’il la trouve plongée dans le sommeil. Il glissera un signet entre les pages, fermera le livre et éteindra la lampe. Puis, il se glissera entre les draps de la lectrice de Diane Geoghegan, écrira délicatement et tendrement JTM sur son dos du bout des doigts, posera ses lèvres sur l’épaule nue avant de s’endormir serré contre elle. Sans la réveiller.

Pour la énième fois

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:25

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Véronique Sanson chante dans la nuit :

Mais les montagnes me disent que je l’aime
Et la terre me dit que je l’aime
Et la campagne me dit que je l’aime
Et la terre me dit que je l’aime

Et le livre reste fermé, posé à ses pieds. Nulle envie de l’ouvrir. La lectrice de James Byrne murmure tout bas les paroles pour la énième fois. Elles ont enfin un sens.

Le pays d’où je viens

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 22:07

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Je retourne peu à peu au pays d’où je viens, le seul que je connaisse vraiment, celui du désordre de mon bureau, celui des livres dans toutes les pièces, celui du café à toute heure, celui des feuilles de papier, celui de mon écran, celui des toiles. Celui qui me rassure même si, comme pour l’écrivaine peinte par Francine Van Hove, les mots pour raconter d’autres histoires que la mienne se dérobent. Mais ils sauront retrouver le chemin de ma plume et de mon clavier. Puisque j’ai retrouvé le pays d’où je viens.

Ce soir, une lampe éclaire le bureau

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 20:53

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Il faudrait changer l’interrupteur du bureau. Je vis dans le noir depuis des semaines. Mais je me suis habituée à cette noirceur dès la nuit tombée. Elle m’est devenue si familière que j’ai fait d’elle ma complice des soirées d’écriture et de lecture.

Mais ce soir, j’ai dérogé à mes habitudes. Je suis allée chercher la lampe portative que j’ai récemment achetée pour lire tranquille au salon, et l’ai apportée ici. Pour donner au lieu une lumière qui ressemble à celle de la table de la lectrice de Carmen Gomez Junyent. Et le décor n’est plus pareil. Plus chaleureux. Moins vide. Parce que j’ai recommencé à empiler des livres sur le secrétaire où s’installait chaque soir Armando pour trier ses photos du jour. Pour me rappeler que je suis à nouveau seule. Qu’il me faut apprivoiser cet état après des jours et des jours à trois. Des journées et des soirées inoubliables.

Ce soir, une lampe éclaire le bureau. Les CD déplacés du salon au bureau sont restés dans une pile. Je n’ai rien déplacé. Dans quelques jours, je les prendrai un par un. Pas tout de suite. J’aime encore trop la présence, les traces du passage.

Ce soir, une lampe éclaire le bureau, les livres. J’ai fait du café comme tous les soirs. J’ai failli faire deux bols, j’en avais pris l’habitude.

Pharmacie à l’ancienne

Filed under: Vos traces — Lali @ 18:13

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Ça n’a rien à voir avec les lecteurs et les livres. Mais pourtant, cette photo prise par Denise dans les rues de Genève a tout à voir avec Lali.

Je ne sais pas si mon amie suisse savait. Lali vient d’une famille de pharmaciens. Grand-père, mère, père, sœur, oncle, tante. Lali a passé 23 ans de sa vie à travailler à la pharmacie de ses parents tout en cumulant ses diverses activités.

Et surtout, Lali aime les belles pharmacies à l’ancienne comme celle-ci.

L’excluse

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 15:42

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On l’a si souvent exclue qu’elle en a fini par apprendre à s’exclure d’elle-même des conversations, des situations, d’une certaine vie. Qu’elle a fini par vivre à part dans un monde où peu sont admis.

Je crois que ça a commencé le jour où elle a aimé les livres, où ceux-ci lui ont apporté plus que les êtres humains, où elle a choisi de se réfugier là, dans le monde des mots, pour qu’on ne l’atteigne plus. C’était il y a longtemps. Dès l’enfance, si je me souviens bien. Dès l’âge où les gamins jouent à cache-cache ou au ballon. Souvent, au lieu de se joindre à eux, elle s’asseyait là, sous l’arbre, silencieuse, avec un livre. Elle les regardait. Ils s’amusaient. Elle était heureuse qu’ils ne viennent pas lui demander toutes les cinq minutes si elle voulait venir jouer. Ils ne comprenaient pas ce besoin qu’elle avait d’être ailleurs, mais ils laissaient faire. Ils était si nombreux. Une de plus, une de moins, quelle différence, finalement.

D’autres occasions sont venues de l’exclure, de s’exclure. En plus des livres, elle n’aimait pas ce que les autres aimaient. Elle n’aimait pas essayer des vêtements pendant des heures avec les copines. Elle aimait les chansons en français, celles d’un autre temps, quand il n’y en avait que pour le disco. Elle parlait bien, faisait attention aux mots. On disait d’elle qu’elle était snob à cause de ça. C’est comme ça qu’elle a appris à se taire. Un peu, beaucoup, la plupart du temps.

Lorsque les autres ont connu leur premier baiser, elle y a peut-être rêvé un peu. Juste un peu. Sans jalousie. Ce monde n’était pas pour elle. Elle était l’héroïne de la chanson de Françoise Hardy et ça lui suffisait.

Et les années ont passé. Elle s’est faite de plus en plus petite pour qu’on ne la remarque pas, pour s’exclure avant qu’on ne le fasse. Parce que ça fait moins mal de le faire soi-même. Tout en se battant pour que ça n’arrive pas à d’autres. En s’oubliant, elle. En portant le poids de l’humanité souffrante sur ses épaules, lui avait dit un de ses profs, un jour, quand elle avait 20 ans. En portant ce poids longtemps. Très longtemps. Compagne des éclopés du cœur, des dépressifs, des rejetés, des isolés et des exclus, elle les écoutait et leur laissait toute la place pour qu’ils repartent plus heureux. Jusqu’au jour où elle a mis de plus en plus de distance entre ces écorchés et elle. Pour se préserver. Pour sauver sa peau et ne pas couler avec eux.

Elle sait se faire minuscule. Se terrer. Sa différence, ses amitiés lui ont valu tellement d’exclusions qu’une nouvelle ne changera rien. Elle ne se battra pas inutilement. Il y a une bulle pour la lectrice de Zoltan Klie. Une bulle de mots et de livres. Où rares sont les admis. Où les admis seront de plus en plus rares.

La liseuse de Sprimont

Filed under: Mes histoires belges,Scènes livresques,Vos traces — Lali @ 10:46

sprimont

Je suis passée à côté de Sprimont il y a deux ans. Trop de choses à voir. Trop de gens avec qui échanger. Trop de minutes les pieds dans l’Ourthe à rêver. Si bien que je n’ai pas vu le Musée de la Pierre.

Une Liégeoise y était, parce que s’y tiennent ces jours-ci les Rencontres Internationales de Sculpture de Sprimont. Elle m’a d’ailleurs envoyé quelques photos pour que je partage avec elle le plaisir des sculptures. J’ai retenu celle-ci pour vous, pour moi. Parce qu’il y a là tout l’univers de Lali. Quelqu’un qui écrit, quelqu’un qui lit. Et la finesse dans le regard de la photographe qui a su cadrer les deux « personnages » dans la prolongation l’un de l’autre.

Ce dimanche

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 8:48

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Elle n’a pas envie de sortir. Juste de s’asseoir là, à la table et écrire. Ou de s’allonger avec un livre. Avec de la musique. Elle est à nouveau dans sa bulle. Mais la lectrice de Ray Harris sait désormais quelque chose qu’elle ignorait ou qu’elle avait peur d’aimer.

Elle a aimé qu’on bouscule un peu son univers. Elle a aimé être entourée d’affection.

Bien sûr, elle est bien toute seule dans son petit univers de mots. Enfin, presque bien. Presque.

Ce dimanche, elle sait qu’il y a quelque part quelqu’un qui est entré dans sa bulle pour ne plus en sortir. Et à qui elle chante les mots de Peyrac :

J’attendais plus
Mais j’aurais pu parler de toi au monde entier pendant des heures
Et te dessiner trait pour trait tant que je te connaissais par cœur
Paupières fermées peindre tes yeux sans en altérer la couleur

En vos mots 21

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

s_williams

Et de semaine en semaine, l’aventure continue. En vos mots a ses lecteurs tandis que les auteurs changent, selon la toile, selon l’inspiration, selon la disponibilité. Les trois fidèles du début sont toujours là. Je crois bien que les deux autres sont en train de devenir aussi fidèles. Ils se reconnaîtront.

L’invitation est permanente. La saisissent ceux qui se sentent appelés.

Cette catégorie est la vôtre. Je le redis en vous conviant une fois de plus à écrire. Parce que, peut-être, dans la lectrice de Svetlana Williams y a-t-il quelque chose de vous ou de quelqu’un que vous connaissez. Ou parce que vous aurez envie d’écrire cette lettre qu’elle lit. Il n’y a pas de règles. Juste une toile, et une semaine pour dire en mots ce que cette toile a à révéler ou à taire.

Place à vos mots.