
C’est 80 ans qui séparent Acajou, huit ans, et son arrière-grand-père Barnabé. Mais l’âge ne compte pas quand on aime ou quand on a oublié qu’on a 88 ans. Canal Océan, le premier roman d’Évelyne Wilwerth, publié en 1996, après une vingtaine de titres incluant des essais, des livres destinés aux jeunes, du théâtre et de la poésie, raconte leur histoire. Ou plutôt, Canal Océan raconte l’histoire d’Acajou, qui aime profondément Barnabé, et qui apprend à se débrouiller toute seule, parce que ses parents sont peu présents, débordés, peut-être même désintéressés.
Roman où foisonnent des personnages pas toujours nets et où une petite fille de huit ans se comporte comme une adolescente, Canal Océan a du souffle, beaucoup de souffle, malgré la jeunesse de l’une et la maladie d’Alzheimer de l’aïeul. Mais je reste tout de même perplexe devant cette histoire et ces personnages peu ordinaires. Il y a en effet quelque chose de peu crédible, malgré la poésie qui se dégage du lien entre Acajou et Barnabé. C’est d’ailleurs cette partie du roman qui est réussie. La rencontre avec des riverains aux occupations louches, celle avec le type à moto ou avec l’artiste peintre excentrique et étrange, le sont nettement moins. Même si Acajou affirme que ces rencontres se produisent parce que Barnabé l’aide à déployer ses ailes. J’ai un peu de mal à croire qu’une gamine de huit ans puisse être à ce point téméraire. Pas débrouillarde, téméraire. Mais c’est là le choix de l’auteure, habituée à écrire pour les jeunes.
Par contre, quels beaux moments que ceux qui nous sont relatés ici quand il est question du lien qui unit le vieillard aux dernières heures de sa vie et sa petite-fille. Des moments tristes, mais savoureux, et tellement, tellement tendres. Émouvants. Ce sont eux qui donnent à ce roman plus ou moins vraisemblable à certains égards une telle force et une richesse que vos cils se mouilleront.
Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».

Titre pour le Défi Premier Roman 