Lali

23 mars 2012

Rythmes 1

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Quand la lectrice peinte par Bernardino Licinio a vu le recueil Rythmes d’Andrée Chedid, elle en a oublié tous les autres. Elle enait à retrouver ce poème :

D’où vient le son
Qui nous ébranle
Où va le sens
Qui se dérobe
D’où vient le mot
Qui libère
Où va le chant
Qui nous entraîne
D’où surgit la parole
Qui comble le vide
Quel est le signe
Qui fauche le temps?

Mwanito, l’accordeur de silences

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:52

« Et chaque silence est une musique à l’état de gestation » pourrait en une seule phrase résumer le plus récent roman de Mia Couto, l’une des voix les plus intéressantes de la littérature contemporaine, lequel réinvente le monde et la langue à chacun de ses livres.

Cette fois-ci, il nous entraîne dans une zone retranchée du monde des vivants, où se sont exilés le veuf Silvestre Vitalício, son beau-frère, un militaire et les deux fils de Silvestre, Ntunzi et Mwanito. Or, si quatre personnages sur cinq ont des souvenirs de ce qu’était leur vie avant l’exil, de la disparue, de cette ville où ils vivaient, Mwanito, parachuté très jeune dans ce no man’s land, n’en a pas.

Silvestre s’est installé là pour des raisons obscures, où il est question de mort et de morts, ainsi que de la fine limite qui sépare le monde des vivants de celui des morts. Peut-être voulait-il protéger les siens. Peut-être voulait-il mourir à son tour maintenant qu’est morte celle qu’il a (peut-être) tuée et autour de laquelle le roman se déroule comme une longue écharpe ne dénudant jamais entièrement le corps qu’elle dissimule. Peut-être cherchait-il là, dans ce lieu hors du monde, comment apprendre à vivre autrement, sans mémoire, dans l’oubli total et dans l’absence de mots, puisqu’il interdit à Mwanito la lecture et l’écriture. Mais c’est compter sans la complicité et l’amour de son aîné qui se chargera de transmettre au plus jeune son savoir, ses souvenirs et ses images, et d’en inventer au besoin quand ils commenceront à s’effriter.

« Nous ne vivons pas vraiment durant la majeure partie de notre vie. Nous nous consumons dans une longue léthargie, que, pour nous leurrer et nous réconforter nous-mêmes, nous appelons existence », raconte Mwanito qui a appris à accorder les silences pour qu’ils ne troublent plus personne, en particulier son père. « Chaque jour est une feuille que tu déchires, je suis le papier qui attend ta main, la lettre qui attend la caresse de tes yeux », écrit-il aussi alors qu’il tente de comprendre la vie, le destin, ce lieu que son père a choisi, et de deviner à quoi ressemblent les femmes, jusqu’à ce que l’une d’elles s’aventure dans cette contrée et bouleverse la vie de chacun.

Une fois de plus, Mia Couto signe un livre émouvant, doont chaque chapitre s’ouvre sur un poème ou une phrase, ce qui nous donne le plaisir de (re)lire la grande poète Sophia de Mello Breyner Andresen et, en ce qui e concerne, de faire connaissance avec Adelia Prado. Un roman entre le conte et le roman, autour des racines, celles qui nous ancrent dans notre terre natale, celles que nous devons déployer pour (sur)vivre. Parce que : « Ce n’est pas en lui tenant les ailes qu’on aide un oiseau à voler. L’oiseau vole simplement parce qu’on l’a laissé être oiseau. »

Pour découvrir d’autres titres de Mia Couto :
Les baleines de Quissico
Terre somnambule
Tombe, tombe au fond de l’eau
Chronique des jours de cendre
Le fil des missangas

Le paysage intérieur

Filed under: Sur grand écran ou sur scène — Lali @ 15:40

C’est à l’occasion du Festival international du film sur l’art que j’ai vu le plus récent film du Suisse Pierre Maillard, autant documentaliste que réalisateur de films de fiction, Le paysage intérieur.

Ce paysage intérieur, dont vous pouvez voir quelques images ici, c’est celui qu’ont imaginé les architectes japonais Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, de l’agence SANAA, c’est-à-dire une vague, pour la nouvelle bibliothèque de l’École polytechnique fédérale de Lausanne, dont la réalisation a été rendue possible grâce à des bâilleurs de fonds du secteur privé, dont le plus important est Rolex, d’où le nom de l’édifice, le Rolex Learning Centre (RLC).

Lauréats du prix Pritzker en 2010 pour cette réalisation, les architectes de SANAA ont voulu créer un grand espace lumineux, aéré et aérien, qui donne l’impression, selon l’endroit où nous sommes, de chevaucher la vague , d’en faire partie ou d’être dessous. Décor des plus modernes, le RLC s’inscrit à même le paysage urbain dont il fait partie, ce qui ajoute à sa beauté tout en longueur plutôt qu’en hauteur, ce qui aurait défait tout le paysage. C’est cette aventure que raconte le film de Pierre Maillard de façon chronologique, avec à la fin certaines images qui vous feront rêver…

En ce qui me concerne, Pierre Maillard a réussi son pari : il m’a donné envie d’aller voir cette bibliothèque hors du commun.

Parce que c’est le printemps…

Filed under: Trois petites notes de musique — Lali @ 11:02

Je vous invite à écouter la danse sacrale qui clôture Le sacre du printemps d’Igor Stravinsky, ici dirigé par Valery Gergiev.

Ce que mots vous inspirent 629

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

La contradiction constitue le fond mouvant et imprévisible de l’âme humaine. (Alberto Moravia)

*toile de Fiona Phillips