Quelques mots d’amour 10
Si près de toi que je te vois à peine,
je suis miroir pour ton corps qui se baigne
dans le soleil de ma neuve présence.
Rien de ta peau ne m’est terre étrangère
quand de ta voix je suis le son perdu.
Amour, amour, tes lèvres sont des armes
pour me détruire et me régénérer.
Ta bouche vive : ô délice, ô parure!
Toutes les nuits, tous les jours de ton être
me vêtiront de leur éternité.
Le cœur de feu, l’étincelle cosmique,
ces océans qui naissent de nous-mêmes
et ces déserts par nos pas repeuplés.
Dans ces abords où tu ris vagabonde,
le monde joue à recréer le monde.
Je détruirai tout poème de pierre,
je garderai ton seul corps pour château.
Robert Sabatier, Anthologie poétique amoureuse
*choix de la lectrice du peintre liégeois Joseph Cambresier