Lali

27 juin 2008

Une parmi dix millions

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:50

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Elle caresse la feuille de papier qu’il a touchée avant d’y inscrire un JE T’AIME tout simple et de la glisser dans une enveloppe. Elle caresse la lettre comme elle aimerait caresser son visage. Souvent. Mais il faudra attendre des semaines, des mois. Rien n’est décidé encore. D’autres lettres la nourriront avant le prochain rendez-vous autre qu’en webcam, autre que téléphonique. Avant quelques centaines de courriels. La lectrice de Monica Stewart sait qu’elle n’est pas seule à vivre ainsi, à trois heures de route ou à huit heures d’avion de la personne aimée. Dix millions de couples vivent ainsi, c’est ce que disait l’article qu’elle a lu dans la salle d’attente du dentiste. Incrédule. Dix millions. Dix millions à ne se voir que les fins de semaine ou une ou deux fois par année. Pour toutes sortes de raisons. Dix millions à échanger davantage que tous ceux qui vivent ensemble, disait toujours l’article. Dix millions à ne pas partager le quotidien et à trouver plus qu’un équilibre dans cette situation. Un véritable bonheur. Une proximité plus intense dans les mots qu’on écrit, dans les rêves qu’on partage, dans ce qu’on dit tout haut que dans les gestes anodins qui deviennent parfois routiniers puis usure.

Elle caresse le papier. Elle regarde le ciel. Le même que là-bas. Malgré la distance, le décalage, le fait que tous deux vivent sur deux fuseaux horaires à la fois. Elle regarde le ciel. Comme lui. Comme dix millions d’autres.

Elle caresse la feuille. Elle pense aux mains qui ont touché la feuille, qui ont aimé sa peau. Et elle regarde le ciel. Une étoile en particulier. Et elle est certaine qu’il a regardé la même avant de s’endormir.

Douleur des mots

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 18:14

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Et du magma de mots qui ont jailli, du flot insensé de phrases qui se bousculent, du désordre de celles-ci, que conserver? Quels mots biffer? Quelles phrases soustraire? Où mettre le point? C’est chaque fois la même interrogation, le même doute, et cette douleur sourde qui se pose sur sa nuque. Dont elle voudrait comprendre la source. Douleur de la naissance du texte? Douleur née de ce qui a fait naître les mots? Et la lectrice de Caterina Orlandi ferme les yeux. La douleur s’endormira peut-être avec elle.

La nature plus forte que tout

Filed under: Vos traces — Lali @ 11:59

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Je reste toujours fascinée par la nature. Par cette nature plus forte que tout. Si bien que d’une souche qu’on croyait morte naît à nouveau la vie. N’est-ce pas là un bel exemple à suivre? Il faut remercier pour cela Jean-Marc, à qui on doit la photo.

Unis par l’enthousiasme

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 11:13

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Elle s’appelle Margaux. C’est la lectrice de Franck Réthoré. Celle qu’il regarde lire et qu’il peint. Dans toutes les positions.

Complices. Unis par l’enthousiasme. Par le bonheur d’être en vie. Je ne les imagine pas autrement.

Elle écouterait

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 9:24

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Ils prendraient place dans le salon de lecture peint par Andre Olsufiev. Lui d’un côté de la table, elle de l’autre. Il lui raconterait l’Histoire, lui parlerait des traces laissées par les siècles dans l’architecture et la littérature. Elle écouterait, avide. Elle écouterait pendant des heures. Et il n’arrêterait pas. Et si jamais il s’arrêtait, c’est parce qu’elle aura pris sa main dans la sienne et le regardera intensément.

Mais cette portion de l’histoire ne sera jamais dans les livres. Elle n’appartient qu’à eux.

Drame à Genève

Filed under: Vos traces — Lali @ 8:20

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Drame à Genève. Un moineau vole une bouchée de croissant à quelqu’un qui le tient dans sa main et le mange bien tranquille, les pattes sur le journal. Au vu et au su de tous. Tout ça après le presque drame de la pie voleuse de Bruxelles.

Les photos de Denise devraient aider à retrouver le coupable.

Bonnes vacances, Géraldine!

Filed under: États d'âme,Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 6:49

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C’est aujourd’hui que Géraldine part en vacances. Puisse-t-elle marcher le plus temps possible sans souffrir. Puisse-t-elle au détour des chemins alpestres qu’elle empruntera trouver quelques fleurs qui la raviront. Bien plus jolies que les géraniums photographiés chez mes parents que je lui offre. Mais je les lui offre de tout cœur. Pour que son séjour ailleurs ne soit que bonheur.

26 juin 2008

Poèmes du pays des pralines 8

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La lectrice de Vitaly Ekleris a ouvert le livre au hasard, Sans savoir. Sans connaître les auteurs réunis dans Ici on parle flamand et français. Et ses yeux se sont arrêtés à un poème de Francis Dannemark qu’elle lit et qu’elle relit depuis des heures.

Autrement dit, l’amour

Il y a,
il y a des jours de raisons doux, de pommes d’or,
de quoi faire taire notre vielle soif.
Et l’eau qui court, torrents, rivières,
court sous la peau, enrobe nos cœurs, cale nos doigts.
Rien ne manque, rien n’est mieux,
et quand la nuit vient, elle affiche pour nous deux
un jeu complet d’étoiles..

Il y a des jours de fruits amers,
quand les pépins écrasés
nous blessent un peu la langue,
nous font former des mots moins beaux.

Il y a des jours de court paille
où trois fois l’on tire la plus court.
Les enfants sont un peu trop loin
pour qu’on entende leurs rires
et le chien qui murmure des rêves moroses
semble ne plus nous reconnaître.

Il y a des jours où tu m’aimes,
des jours où tu m’aimes bien.
Ainsi nous avançons, nous souvenant
et oubliant, marée haute, marée plate,
que le bonheur est un mélange

et que jamais il ne ressemble
ni tout à fait à ce que nous croyons
ni à lui-même, ni à lui-même.

dans la nuit bleue

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elle tournera les pages
une à une, peut-être s’arrêtera
d’une phrase surgira son visage
d’un mot l’espace de ses bras

elle relira chaque mot
comme on s’abreuve à un baiser
comme on goûte une peau
quand on apprend le verbe aimer

elle retiendra chaque virgule
se rappellera un vent d’avril
où enroulée dans un pull
il buvait l’eau de ses cils

puis elle fermera les yeux
les mots s’envoleront
dans la nuit bleue

(juin 2008)

*sculpture de Giovanni Ciniselli

C’est probablement juste différent

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Pour le lecteur de Walter Launt Palmer, mes frustrations depuis samedi seraient pour lui pure fiction. Pas d’accès à mon blog parce que l’accès à la base de données est bloquée sur un serveur et qu’on cherche à régler le tout, et que tout ça dure deux heures? Fiction. Et pourtant, c’est ainsi qu’a débuté mon samedi. Une panne d’électricité alors qu’il fait beau, qu’il n’y a pas l’ombre d’un nuage dans le ciel et qu’on met près de deux heures à réparer un jour férié? De la fiction, voyons. Un modem qui déraille et qu’il faut initialiser à nouveau après avoir essayé tous ses branchements? Toujours de la fiction. Une panne totale reliée à la technologie IP qui rend impossible toute communication autant informatique que téléphonique dans une grande société pendant près de trois heures? Fiction, vous dis-je. Une maintenance de serveur qui dure et perdure? Mais vous fabulez, chère amie, me dira-t-il encore.

C’est qu’il ne lit pas encore son quotidien sur le net. C’est que ses lettres sont encore manuscrites. C’est qu’il n’a aucune idée de ce qu’est une tresse de fils. Mais nous qui paniquons à la moindre de ces éventualités savons. Comme nous savons que nous sommes totalement dépendants d’une technologie qui n’existait pas avant. Est-ce mieux? Est-ce pire? C’est probablement juste différent.

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