Lali

14 mars 2012

Les vers de Max 2

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Le navire

La troisième, elle, est d’un navire
Avec tous ses drapeaux au ciel,
La troisième, elle, est d’un navire
Ainsi qu’ils vont sous le soleil,

Avec leurs mâts avec leurs ancres,
Et leur proue peinte en rouge ou vert,
Avec leurs mâts, avec leurs ancres,
Et tout en haut leur guidon clair.

Or, la troisième, elle, est dans l’air,
Et puis aussi, elle, est dans l’eau,
Or, la troisième sur la mer
Est comme y sont les blancs bateaux,

Et les rochers, et les accores,
Et terre dure ou sable mol,
Et les rochers, et les accores,
Et les îles et les atolls ;

Et la troisième est seule au monde
En large, en long, en vert, en bleu,
Et la troisième est seule au monde
Avec le soleil au milieu.

Max Elskamp, Huit chansons reverdies

*choix de la lectrice de Joan Abras

À cause de Lisbonne

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:47

C’est parce que le plus récent roman d’Hervé Le Tellier, Eléctrico W, se déroule à Lisbonne que j’ai été attirée par lui. Même si d’aucuns ont reproché ici et là à l’auteur le fait que la capitale portugaise ait trop peu été mise de l’avant au profit de plusieurs histoires qui s’y déroulent, je ne suis pas de cet avis. Eléctrico W est un roman d’atmosphère, pas un roman sur Lisbonne, et c’est cela qu’annonçait le quatrième de couverture.

Vincent, un journaliste qui a choisi de s’installer à Lisbonne pour fuir une histoire d’amour qui ne menait nulle part, et Antonio, un photographe qui a grandi dans cette ville, lesquels ont déjà eu l’occasion de travailler ensemble sur un livre, se retrouvent le temps d’un procès à couvrir pour un journal français. Les deux hommes se connaissant peu, c’est pour eux l’occasion d’échanger, d’en apprendre davantage sur l’autre, voire même, peut-être de devenir amis. C’est aussi pour les deux l’occasion de découvrir à quel point le monde est minuscule alors qu’ils parlent d’eux, de leur vie, de leurs amours, de leur enfance. Tant et si bien que l’un voudra peut-être changer le cours d’une histoire qui s’est mal terminée en faisant sa propre enquête.

Roman d’atmosphère où Lisbonne est plus qu’une toile de fond, alors que surgissent au fil des pages le bruit du tramway, les terrasses de cafés bien connus, des odeurs, un jardin, détails qui s’additionnent pour rendre la capitale portugaise présente et inoubliable, Eléctrico W, c’est aussi les contes de Jaime Montestrela que Vincent s’amuse à traduire, dessinant par la même occasion une histoire parallèle.

Roman sur le passé, réflexion sur l’écriture, sur le passé, sur le sens de la vie, sur l’amour, Eléctrico W peut se targuer d’être tout ça et Hervé Le Tellier de l’avoir mené de main de maître.

Dites-moi

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 15:05

Tant de livres et si peu de temps.
Tous les jours, le même constat.

Tant de livres.
Pourquoi les journées n’ont-elles que 24 heures?

Dites-moi.

*toile d’Alexandra Nikolaevna Pregel

Constat du jour

Que dire? Que taire? À quel moment et pour quelles raisons ce qui est privé doit-il devenir public? Je me pose souvent la question quand je les entends raconter leur vie dans les moindres détails, de chacune des dents du fils de l’une à la présentation de tous les achats de l’autre, y compris certaines pièces de lingerie qui ne devraient pas, à mon avis, être exhibées dans un bureau.

D’où leur vient ce besoin d’étaler ainsi leur vie? N’y a-t-il rien d’intime et de de secret pour elles? Probablement pas, puisqu’elles utilisent les réseaux sociaux à outrance, y mentionnent leurs déplacements, y publient des centaines de photos et ont toujours à l’œil les pages de leurs 2000 amis pour les commenter. Vous trouvez que j’exagère? Je n’ai pourtant pas cette impression à une semaine du mariage de l’une d’elles qui ne nous a épargné aucune des étapes de ses préparatifs. Les autres semblent si friandes des détails. Or, ça ne m’intéresse pas. Ou plutôt, j’estime que ça ne me regarde pas et que je ne devrais pas être tenue au courant de tout ça. Nous sommes des collègues, pas des amies intimes.

Je suis donc ce midi une fois de plus perplexe. Ce n’est pas la première fois. Et sûrement pas la dernière.

Quand tout a-t-il basculé? Pourquoi la vie privée semble-t-elle avoir disparu au profit de la vie publique?

Plongée dans ma lecture, je tente avec difficulté d’oublier leurs voix.

*toile de Marie Éléonore Godefroid

Ce que mots vous inspirent 622

Filed under: Ce que mots vous inspirent,Couleurs et textures — Lali @ 8:00

Sommes-nous condamnés à être façonnés par notre enfance, ses blessures, ses secrets, ses souffrances cachées? (Tatiana de Rosnay)

toile de Théophile Emmanuel Duverger