Lali

La lectrice peinte par Edgar Oswall Wingert est entrée dans la pièce. Puis, elle s’est assise avec le recueil de Jeanne Gagnon intitulé Mouvances. À peine ai-je entendu les pages tourner tant elle le faisait avec délicatesse. Et elle est repartie sur la pointe des pieds en laissant ouvert le livre sur ce poème :

Je rêve d’un jour
Joie
Abolissant contraintes et remparts
Quand nos corps
Quand nos cœurs
S’accorderont dans toutes les percussions

Je rêve d’un jour
Joie
Permettant d’évanescentes ascensions
Celles qui portent
Jusqu’aux nuages de nos folies douces
Celles qui portent
Jusqu’au sublime de nos intuitions
Quand, dans nos matins humains
Nous éclabousserons les heures
De nos laits d’être
Giclant à toute volée

La vie reprenait son cours. Elle serait inscrite pour toujours à même cette image dans la mémoire de celui qui la regardait. Une image qu’il avait souvent regardée mais jamais bien longtemps parce qu’il lui fallait entrer dans celle-ci pour en créer une autre que seuls eux pourraient conserver à jamais, comme le plus troublant des cadeaux de la vie et qu’on nomme amour.

*sur une toile de Gretchen Kelly

L’amour de la vie va au-delà de la peur de la mort, trouve-t-on inscrit sur le banc où mère et enfant sont assiss pour l’éternité, rue Sherbrooke, à quelques pas du Musée des beaux-arts. Et j’ai envie de croire que c’est vrai.

Un avion, du bleu dans les nuages et du rouge, tout ça dans une seule photo prise par Armando. Que me faut-il de plus pour être heureuse? Ah si, imaginer que je suis dans un avion vers ailleurs!

La lectrice peinte par l’artiste Liz Afif semble aimer les jolis coins pour lire, tout comme moi. De plus, je crois que j’ai déniché un coin qui devrait beaucoup lui plaire!

Encore une qui n’a rien vu en dehors de son journal! Il faut dire qu’Armando a des yeux de lynx et un bon zoom!

Ils sont là, côte à côte, devant l’entrée sud du Musée du beaux-arts de Montréal. Ils attendent les amoureux des arts, les amoureux tout courts ou ceux prêts à devenir amoureux d’un tableau. Moi, je suis tombée amoureuse de la sculpture.

Et si je vous proposais de lire les commentaires laissés sur la citation du 8 avril – qui ont été validés hier – comme je viens de le suggérer aux lectrices du peintre Edmond Aman-Jean? Il se peut fort bien qu’ils soient passés inaperçus sous l’avalanche de toiles d’hier…

Une fois encore, comme si souvent, je n’ai nulle envie de partir.

Je m’installerais dans une toile, je prendrais la pose et peut-être que le bruit des pages qu’on tourne serait si subtil qu’on penserait que je ne bouge plus.

Et je resterais là toute la journée.

*toile de Christina Backlund Newton

Oui, oui, voilà des signes évidents de printemps! Et une Chantal bien heureuse de nous les offrir!