Lali

9 avril 2009

Le recueil aux pages jaunies 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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La lectrice d’Abel Buel Moore n’a rien dit. Et pourtant, je sais qu’elle a été émue par la lecture des vers de Saint-Denys Garneau. Il y avait quelque chose de trouble chez elle quand elle m’a rendu le livre ouvert à cette page :

Ma solitude n’a pas été bonne

Ma solitude au bord de la nuit
N’a pas été bonne
Ma solitude n’a pas été tendre
À la fin de la journée au bord de la nuit
Comme une âme qu’on a suivie
sans plus attendre
L’ayant reconnue pour sœur

Ma solitude n’a pas été bonne
Comme celle qu’on a suivie
Sans plus attendre choisie
Pour une épouse inébranlable

Pour la maison de notre vie
Et le cercueil de notre mort
Gardien de nos os silencieux
Dont notre âme se détacha.

Ma solitude au bord de la nuit
N’a pas été cette amie
L’accompagnement de cette gardienne

La profondeur claire de ce puits
Le lieu de retrait de notre amour
Où notre cœur se noue et se dénoue
Au centre de notre attente

Elle est venue comme une folie par surprise
Comme une eau qui monte
Et s’infiltre au-dedans
Par les fissures de notre carcasse
Par tous les trous de notre architecture
Mal recouverte de chair
Et que laissent ouverte
Les vers de notre putréfaction.

Elle est venue une infidélité
Une fille de mauvaise vie
Qu’on a suivie
Pour s’en aller
Elle est venue pour nous ravir
Dans le cercle de notre lâcheté
Et nous laisser désemparés
Elle est venue pour nous séparer.

Alors l’âme en peine là-bas
C’est nous qu’on ne rejoint pas
C’est moi que j’ai déserté
C’est mon âme qui fait cette promenade cruelle
Toute nue au froid désert
Durant que je me livre à cet arrêt tout seul
À l’immobilité de ce refus
Penché mais sans prendre part au terrible jeu
À l’exigence de toutes ces peines
Secondes irremplaçables.

Et quelle ombre au bord du parvis
Quelle ombre lumineuse amie
Attend les pas de nos déroutes
Que nulle pitié n’a suivie
Ni la nôtre.

cœur(s)

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il me met le cœur à l’envers
je mets le sien à l’endroit
c’est parfois l’hiver
ou feu de joie

or
pour accompagner ses pas
pour mélanger nos univers
je ferais le tour de la terre
une fois dix fois cent fois

il me met le cœur à l’endroit
je mets le sien à l’envers

(avril 2009)

*sur une toile de Betsy Castleman Damez

Chaque heure qui passe

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:20

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Et si un jour seul le sofa pour toute présence, les mots des livres pour toute caresse, le vent sur sa peau pour toute tendresse? Elle fermerait les yeux et écouterait les tic tac de son cœur. Chaque heure qui passe n’efface pas celles qui sont derrière soi.

*sur une toile d’Alexander Bartashevich

Le poème de Neruda

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 20:22

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Je regarde les monuments,
leurs vieilles pierres mouillées,
mais si je touche
cette cicatrice de pierre,
c’est ton corps qui me répond
et mes doigts soudain reconnaissent,
frémissants,
ta chaude douceur
.

(Pablo Neruda)

Elle connaissait ces mots. Elle les avait lus autrefois, elle se souvient. Et quand ils se sont installés dans les pages du roman de Francis Dannemark, La grève des archéologues, elle a su une chose, une seule chose : il fallait qu’elle les transcrive pour ne pas les oublier.

*sur une toile de Zhaoming Wu

Tentation!

Filed under: Couleurs et textures,Mon Montréal — Lali @ 17:10

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J’ai résisté à la tentation. Non pas que l’enseigne ou les emballages de la chocolaterie Neuhaus de la rue Sherbrooke n’étaient pas invitants… mais je ne suis pas entrée. J’ai juste fermé les yeux une minute et une praline dont je connais le goût a fondu dans ma bouche…

L’homme confiné à la terre ferme

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 14:53

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Il restait là des heures. Avec pour seul horizon la ligne du ciel qui touchait l’océan dont il rêvait mais qu’il n’avait jamais pu connaître parce qu’il n’avait jamais été en mesure de contrer le mal de mer qui l’étouffait dès qu’il quittait la terme ferme. Et pourtant, il aurait tant voulu être un de ces découvreurs dont il dévorait les histoires, un marin au long cours ou même un flibustier à une autre époque.

Il restait là des heures. Impossible héros des frégates qu’il bâtissait lui-même quand il déposait là les livres racontant leurs aventures.

*sur des toiles de Robert Spooner

La suggestion du 9 avril 2009

Filed under: Couleurs et textures,La suggestion du jour — Lali @ 12:00

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Le lecteur du peintre brésilien Pedro Cardona aimerait-il les jolis blogs teintés de poésie? Si oui, il devrait trouver de quoi se nourrir ici!

Un fauve et ses femmes au musée

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 11:31

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Encadrant le côté droit de l’entrée du Musée des beaux-arts de Montréal, elle vous invite à entrer voir Van Dongen : un fauve en ville. Racoleuse comme le sont la plupart des femmes qu’il a peintes, et sur la rue, comme c’est aussi le cas de nombreuses autres, elle offre une pose et une visage qui ne peuvent que vous pousser à l’intérieur du musée.

Et c’est ce que j’ai fait hier après-midi. M’attendaient là des dessins, des tableaux, des assiettes peintes, des revues, l’univers de couleurs de Van Dongen. Un univers que j’aimais d’avance, certes, mais que j’aime encore davantage depuis que j’ai pu voir Le tango de l’archange grandeur nature.

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Approchons…

Filed under: Scènes livresques,Signé Armando,Vos traces — Lali @ 10:15

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Mais sans nous faire remarquer, il va sans dire. C’est que, comme Armando, nous voulons nous assurer que c’est bien Le Monde qu’il est en train de lire…

Quelle concentration!

Filed under: Mon Montréal,Scènes livresques,Signé Lali — Lali @ 8:03

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Il y a longtemps que je n’avais lectrice aussi concentrée. Non pas plongée dans un livre, mais lisant avidement un article d’un des deux quotidiens gratuits du jour. Mais que pouvait donc raconter ce billet?

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