Lali

Le livre était resté sur la table. Et la lectrice de Karl Witkowski l’a regardé. L’a caressé du bout du doigts. Pour elle, les livres ont toujours été des trésors. Qui nous emmènent là où on ne savait pas que ces mots existaient. Là où peut-être elle a eu envie de rester. Dans quelques lignes signées Francis Dannemark.

Parfois, rien n’était plus uni à rien. Morceaux éparpillés du temps dans le vent qui arrache les pages. Puis tout se confondait. Il écrivait des lettres. Ce pathétique mode de communication, lui aurait-on dit.

Rester sans laisser d’adresse.

Il n’est pas rare de trouver la scène peinte par Norma Dominguez sur ma table de nuit, sur le sofa ou sur ma table de travail. J’ai cette manie, étant donné que j’ai de nombreuses paires de lunettes, d’en laisser ici et là et de les utiliser comme signets dans les livres du moment. Curieuse habitude, je sais, mais ne le dites à personne.

Et parfois cette lassitude qui la gagne. Cette lassitude de se battre dans des lieux qui ne devraient pas être des lieux de combat, mais d’harmonie. Mais qui, pour une raison ou une pour une autre, le deviennent.

Ces lieux qui s’appellent parfois amitié. Ou qui se prétendent tels. Mais où sont si souvent nés les jugements sur elle, les trahisons, les mensonges, comme les reproches. Alors que de l’inconnu ou de l’inconnue venaient la générosité et la sensibilité.

Et le livre reste là. Aucun mot ne pourra chasser cette lassitude. La lectrice d’Alphonse Mucha le sait bien. Et elle reste là, prostrée. Immensément vide. En mal d’elle-même.

***

Demain, les parenthèse refermées, elle laissera à nouveau entrer l’inconnu(e), celui ou celle qui ne prendra que ce qu’elle peut donner, que ce qu’elle donne : un morceau de son cœur. Sans juger.

Ce n’est pas faute d’essayer, je vous l’assure, mais les lecteurs de Montréal semblent se cacher, ou si j’ai le bonheur d’en trouver sur ma route, je n’arrive qu’à retenir d’eux un flou qui n’a rien d’artistique. Heureusement qu’Armando veille au grain et m’approvisionne…

Et par moments, je suis simplement attendrie. Il n’y a pas d’autre mot pour dire les choses. Attendrie. Par la douceur des teintes. Par la lumière. Par le bonheur d’être en vie et de pouvoir profiter de tout ça.

Non, je n’ai pas envie de m’arrêter. Non, je n’ai pas envie de passer mon chemin. Non. Parce que je sais le temps qui passe, parce que je sais les saisons qui s’enchaînent, parce que les fleurs ne durent qu’un temps et que je sais aussi qu’il faut saisir les choses quand elles se présentent.

L’illustration de Frances Tipton Hunter devrait vous faire sourire. Et dans un deuxième temps, vous donner envie d’avoir à nouveau 16 ans…

Comme les gens sont attentionnés! Ils font tout pour rendre mes matins et mes après-midi fleuris et colorés. Parfois, j’aurais même envie de sonner chez eux pour leur dire à quel point ils enjolivent ma vie et pour les remercier!

Le blog de Béatrix est en vacances, tout comme elle. Mais quelle belle surprise elle m’a faite en m’envoyant des photos pour me dire que tout se passe bien et qu’elle profite à plein de ses vacances. Si bien que je vous présente SA montagne, un morceau de son paysage quotidien en Bourgogne.

Comme je la connais, la rêveuse peinte par Mihail Simonidi. Ne me suis-je pas fondue en elle un jour de l’été 1992, à Plouharnel? N’ai-je pas passé des heures à écouter le vent et l’eau, en tournant les pages ou en écrivant? N’ai-je pas rêvé, comme elle, à celui qui viendrait un jour et qui ferait que l’une comme l’autre nous puissions continuer de rêver?