Le mot cavaleur, la plupart du temps utilisé au même titre que coureur de jupons pour celui qui cherche et multiplie les aventures hors de son couple, nous fait tout de suite penser à Jean Rochefort qui incarnait un pianiste volage dans le film Le cavaleur de Philippe de Broca.
Fernand J. Hould, médecin retraité, qui a aussi été haut fonctionnaire comme un de ses personnages, signe, à 84 ans, ses premiers textes de fiction, des nouvelles réunies sous le titre Les cavaleurs, ces séducteurs impénitents à qui il donne, en quelque sorte, leurs lettres de noblesse.
Or, si les six hommes qu’il dépeint aiment les femmes et prennent un réel plaisir au jeu de la séduction, ils ne semblent pas le faire au détriment d’un couple que l’auteur a choisi d’escamoter si jamais il existait. De plus, même si le but ultime de tout séducteur qui se respecte est de mener l’élue au lit, les cavaleurs décrits ici ne ressentent aucune urgence de l’issue tant ils aiment la compagnie de celle choisie et le défi. Une conquête difficile est en effet plus excitante. Et ce sont ces tentatives, pas toujours réussies, souvent maladroites ou comportant leur lot de surprises, suscitant l’incompréhension et les doutes du héros dans d’autres, que Fernand J. Hould a décidé de décortiquer le temps de six nouvelles habilement ficelées.
L’auteur nous présente des chasseurs raffinés de la gent féminine. Il n’y a donc ici pas d’hôtels sordides, et encore moins de vulgarité. Vouvoiement et très bons restaurants sont les clés de ces séducteurs qui auraient pu tomber amoureux, mais pour qui séduire et conquérir est bien plus important, même si cela doit prendre des années avant qu’une aventure trouve sa conclusion.
Avec ce premier recueil, tout en raffinement, dans lequel les femmes sont appréciées autant pour leurs formes que pour leur esprit, Fernand J. Hould rend ses séducteurs sympathiques. L’auteur sait en effet camper des situations réalistes avec une plume alerte qui ne ménage pas les détails au besoin, mais qui sait être économe des détails qui ne feraient pas progresser les histoires ou pourraient rendre les cavaleurs sélectionnés antipathiques.
C’est donc un bien beau coup d’essai pour Fernand J. Hould que cette galerie d’hommes qui aimaient les femmes, à la manière d’un Charles Denner dans un film de Truffaut. Un si beau coup d’essai qu’on ne peut qu’en redemander.
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