Terre de femmes 10
Sur l’épure des jours sans soleil,
Sa vie a musardé trop longtemps.
déchiffrant l’empan
des profondes tristesses.
Oiseau de ma mémoire,
quelle sommation du vent,
te fait battre des ailes
à la flèche de mots
et t’installe, intrépide
en hamac de sommeil
sur mes délires secrets.
À la croisée des chemins
l’eau des paix-au-âmes
n’aura pas tari l’angoisse des instants.
Et les trois chants
du coq feront trois fois le tour
des pluies désolations
planteront la mort au cœur de la savane
Oiseau de ma mémoire,
Quelle Alice des merveilles
Déride lourd l’écheveau
De mes contes d’Antilles?
Les chimères battent le soir.
J’écoute le silence
Gonfler le temps qui meurt.
Il va falloir
clore les fenêtres,
car il pénètre le temps mauvais
qui étreint sans cesse
Oiseau de ma mémoire,
Mon rêve bat tambour
Sur un air de brouillard
Mon maître-mot espoir
hante tous les dédales
Sur la mi-nuit de Mai
Les couvaisons de lunes
ont la chaleur bleutée
de nos rêves d’enfance
Il va falloir, je crois
dix mille aunes de ciel
pour te refaire, mon île
une pureté d’étoile
Marie-Ange Jolicœur
(dans Terre de femmes de Bruno Doucey)
*choix de la lectrice de Cecil Higgs