Lali

7 juillet 2012

Terre de femmes 13

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

Il fait un temps de poème

l’après-midi flambe à travers la fenêtre
à l’heure de la sieste
il est interdit de parler au poète
do not disturb
because
je fais l’amour avec des mots
derrière la porte
et dans mon lit

il ne faut pas déranger le poète
il n’y a pas de réponse au numéro que vous avez composé
je m’absente du monde momentanément
je laisse la misère de côté
le temps de me dire
pousse la porte du pied
prends ton pied

il est interdit de parler au poète
jusqu’au mois d’août
because je suis in the bed
avec des mots
des mots sans pieds ni tête
des mots aboiements de lune aux chiens
des mots frissons d’iguanes éblouis par des roses
des mots tuiles qui me tombent sur la tête
car je ne sais pas jouer la comédie

des mots sables mouvants
des mots clous de crucifixion
et de Pâques ressuscitées
des mots flagellations sur des cuisses dénudées
des mots promissions
des mots Place de l’Opéra
ou Place Saint-Pierre
ou Place où tu voudras
between Brooklyn and Africa

il est interdit de disturb le poète
Je n’y suis pour personne
quand les mots courent dans ma tête
et marchent dans mon sang
trois petits tours et puis s’en vont
attendez la fin de l’été
il fait un temps à mettre un poème à la rue

Michèle Voltaire Marcelin
(dans Terre de femmes de Bruno Doucey)

*choix de la lectrice de Sergei Ivanovich Gribkov

Tous les corps naissent étrangers

Filed under: À livres ouverts — Lali @ 19:48

Le premier roman d’Hugo Léger, Tous les corps naissent étrangers, met en scène Jean-Jacques Darrieux, à l’aube de la soixantaine, alors que tout autour de lui semble s’effriter d’un seul coup, autant les relations qu’il entretient avec son équipe que ceux qu’il a avec les plus ou moins proches qui constituent son entourage.

L’homme n’en est plus aux belles heures de sa vie, alors qu’il présentait les nouvelles à la télévision et était adulé par un large public qui ne semble pas l’avoir tout à fait oublié. Un accident de voiture a changé le cours de sa vie. Il est devenu le directeur d’une des plus importantes agences de relations publiques de Montréal. Un accident de la vie a aussi transformé son existence, le rendant père d’un enfant lourdement handicapé qui ne marchera jamais, ne parlera jamais et jamais non plus ne sortira de l’état végétatif qui est le sien depuis seize ans.

Fils d’alcoolique violent que sa femme a fini par quitter il y a quelque vingt ans, Jean-Jacques n’aime et ne désire qu’une chose dans la vie : faire de l’argent. Du moins le croyait-il. Jusqu’à que tout se mette à ne plus fonctionner comme avant. L’homme n’a plus la main. Ses affaires sont en chute libre comme l’avait été l’audimat après son accident. Il n’arrive plus à rien, pas plus au lit qu’ailleurs.

Il est donc temps, surtout que tous les indices lui sont donnés, de changer une fois de plus le cours de sa vie. Voilà à quoi nous convie Hugo Léger dans ce roman fouillé, à la langue imagée, dans lequel se croisent des personnages qui n’ont rien de banal, du fabricant de colle qui colle à tout sauf aux doigts en passant par la pute de luxe et l’entraîneur également peintre du dimanche qui se prend au sérieux, à la seule femme qu’il ait aimée et qui l’a quitté après lui avoir donné un fils qui ne correspondait pas à la perfection à laquelle il était habitué, ou les musiciens de la fanfare à laquelle il s’est joint, question de frapper de toute son énergie une grosse caisse à défaut de se frapper la tête au mur.

Belle entrée en littérature pour ce sociologue de formation qui a été journaliste avant de passer au monde de la publicité. C’est peut-être là qu’il a « attrapé » le seul défaut de son écriture : les sauts en continu d’un pan de la vie de Jean-Jacques à un autre. Sans prévenir. Comme on enchaîne les pubs à la télé. Procédé avec lequel j’ai eu un peu de mal avant de m’habituer, mais qui pourra plaire aux as de la télécommande. En ce qui me concerne, j’aurais préféré quelques intercalaires.

Ceci dit, le premier roman d’Hugo Léger se dévore d’une traite. Même si on n’arrive pas à s’attacher à l’antipathique Jean-Jacques, ce que ne cherche pas nécessairement l’auteur. Il a gardé sa carte maîtresse pour la fin. Et quelle fin! Je n’en dis pas plus.

« L’heure constitue une excuse formidable pour s’éclipser. » (p. 84)

Texte a paraître dans

Titre pour le Défi Premier Roman

Les paparazzi

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 14:27

Personne ici…

Ni ici…

Nul n’est caché dans les centaurées…

Mais où sont passés les paparazzi?

Les voilà! Enfin! Mais hélas, pour Saturnin, elles préfèrent les fleurs du Jardin botanique à ses canards…

Étangs et ruisseaux

Filed under: Mon Montréal,Signé Lali — Lali @ 10:44

Couverts de nénuphars ou pas, les étangs et ruisseaux du Jardin botanique de Montréal accueillent volontiers les canards du coin, lesquels ont un plaisir évident à y faire trempette sous le soleil…