Avant d’écrire pour les jeunes, Pierre Labrie a été uniquement poète pendant une dizaine d’années. Pas étonnant donc que Nous sommes ce continent, roman destiné aux adolescents et jeunes adultes, mêle poésie et fiction.
Le narrateur a en effet, le temps d’un mois, choisi d’écrire son journal intime afin de voir clair dans une histoire d’amour qui va vers sa fin. Et pourtant, ce n’est pas leur première rupture. Mais il sent déjà, avant même qu’elle n’arrive, qu’elle est sur le point de se concrétiser et que ce sera la dernière. Qu’il n’y aura pas de retour en arrière cette fois.
Et ce (pres)sentiment donne lieu à des réflexions sur la vie comme sur l’amour et à des poèmes qu’on peut croire trop léchés au départ, trop bien finis, mais qui deviennent crédibles dans la mesure où le narrateur a participé à un atelier d’écriture, ce que nous apprenons au cours de la lecture.
« … je sais qu’il est trop tard
Je le sais parce que
je t’aime comme une vague qui n’a ni plage
ni roc ni falaise pour mourir »,
écrit le narrateur dans un poème qui s’adresse à celle à qui il ne le donnera jamais.
Ils étaient ensemble un continent. Qu’en est-il maintenant de sa vie à lui alors qu’elle a pris le large?
« je sais que je suis ce continent sur lequel bâtir
je sais qu’il y a d’autres continents
je sais que les eaux de ma vie
me feront dériver vers un autre continent
contre lequel je pourrai me coller
lorsque les temps plus calmes le permettront »
Magnifique livre que Nous sommes un continent. Et quelle belle façon de faire aimer la poésie aux jeunes en faisant du narrateur un poète. C’est ce qui a manqué à mes seize ans. Mais chut, c’est un secret.