Nouvelles et littérature belge font une fois de plus bon ménage avec le recueil de Michel Lambert intitulé De très petites fêlures. Publié en 1987 chez L’Âge d’Homme, le recueil a été réédité dans la collection Espace Nord en 2010 avec une préface de Jean-Claude Bologne et une savante postface de Jean-François Grégoire.
Ce dernier nous présente d’ailleurs Michel Lambert comme « … un économiste qui… pratique l’économie — de moyens, de propositions, de vocabulaire ». C’est d’ailleurs un des éléments qu’on remarque d’emblée et qui sert le genre — la nouvelle — de belle manière. Quelques lignes suffisent en effet à dresser de façon minimale les portraits, à dessiner un lieu, une époque ou des circonstances et à créer l’atmosphère de chaque des nouvelles, lesquelles mettent en scène des moments où tout peut basculer, va basculer, ou carrément bascule. Des moments que l’auteur a appelés de très petites fêlures. Sorte de clin d’œil à une nouvelle de Fitzgerald et à celle de Lambert qui s’est inspirée de celle-ci.
Prises séparément ou réunies, ces nouvelles qui portent davantage de tristesse et de regrets que de joie annoncent par de petits détails le lent glissement des choses qui va mener inéluctablement vers un changement de situation, voire de destin. Car Michel Lambert est un fin conteur. Quelqu’un qui sait regarder dans un premier temps et dire et transposer dans un deuxième. Le résultat est un recueil juste, infiniment humain, que je recommande sans hésitation.
Lu dans le cadre du Challenge « Littérature belge ».