

Les voleurs de livres sont en général assez futés pour ne pas se faire prendre la main au collet. Enfin, presque toujours. Or, il arrive que ce ne soit pas le cas. Une histoire m’est revenue en tête il y a quelques jours en lisant des anecdotes de libraires à ce propos.
C’était l’hiver. La saison de prédilection des voleurs à cause de tous ces vêtements qu’on a sur soi et qui permettent de dissimuler ce qu’on pique au hasard des allées. Discrètement. Bien entendu. Or, ou le voleur était vraiment sûr de lui ou culotté quand il a mis un Petit Larousse dans chacune des larges poches de son manteau. Et pas assez discret pour que deux d’entre nous ne remarquent son manège, si bien qu’avant qu’il ne franchisse la porte, mon patron lui a justement mis la main au collet afin de l’empêcher qu’il ne franchisse la porte sans payer. Il n’a eu qu’à lui demander s’il n’avait pas oublié de régler ses achats pour que le type réussisse dans un mouvement d’acrobate aguerri à glisser les bras hors de son manteau avant de pousser la porte et de partir en courant. Oui, vous avez bien lu. Il a bel et bien filé en nous laissant son manteau et les dictionnaires.
*toiles de Bertrand Daullé