Ça commence par des remarques anodines
Ça commence par de petites remarques anodines, des tournures de phrases qu’on met sur le compte de la maladresse, mais des remarques qui restent toujours blessantes. Comme la morsure d’une incisive bien pointue. Remarques sans importance, sans conséquence, pour celui qui les émet. Presque d’un revers de la main. Entre deux gorgées de café. Mais qui sont pour celui qui les reçoit bien autre chose. Jugements péremptoires, coups entre les omoplates qui brisent la respiration, lueurs qui s’éteignent. Même si on ne veut pas y prendre garde, même si au loin on entend le bruit d’une sirène et qu’à chacune d’elles le son se fait plus intense.
Ça commence par de petites remarques anodines. Mais un jour vient où il faut prendre la fuite en emportant les livres.
*sur une toile de May Guinness