Chant
Le pêcher rose sur la vallée
garde le secret de ma vie.
Dans l’air transparent mon amie
ouvrait les volets du matin
rien que pour voir les fleurs mêlées
à l’aurore sur la vallée.
N’oublions jamais la maison
où pénétra l’amour patient
avec la brise lumineuse
de l’infini et du printemps.
André Dhôtel, Poèmes comme ça
*choix de la lectrice d’Ana de Lima
C’est en 1990, lorsque j’ai passé quelques jours à Philadelphie, que j’ai pu voir de près la célèbre sculpture signée Robert Indiana, qui a été inaugurée à l’occasion du bicentenaire de l’indépendance des États-Unis.
Une sculpture toute simple, mais qui dit tout.
Il fallait y penser.
Commencement
J’en ai assez d’écrire en prose
c’est vraiment trop déprimant
de rester égal à soi-même
en alignant des mots savants.
Si je commence un poème
je découvre le bonheur vrai
de ne jamais être obligé
de poursuivre la chanson.
Bien au contraire il faut rester
toujours au commencement
la poésie n’étant jamais
que ce qui ne va pas plus loin.
Une histoire bien sûr
mais qui ne se déroule pas
et nous laisse au bord d’un jour
sans savoir ce qui va
peut-être s’éclairer
parce que c’est la naissance
de ce qui ne fut jamais dit
et ne le sera jamais
rien qu’une lueur première
éblouissante et foudroyante.
André Dhôtel, Poèmes comme ça
*choix de la lectrice de Cayetano de Arquer Buigas
Cette toile signée Émile Vernon qu’a choisie Astrid à mon intention a quelque chose qui me plait décidément beaucoup. Est-ce le chapeau? Le fait qu’elle écrive? La tasse de thé? L’élégance de la dame?
Ton visage coule sur la fenêtre
la manie des nuages
la polarité des sens
il pleut sur la ville
dans toutes ces larmes
je ne trouve plus tes yeux
Éric Cormier, D’ici
*choix de la lectrice de Norman Teeling
(toile d’I Wayan Barwa)
Il m’arrive d’acheter des lots de cartes postales sans savoir ce qu’ils contiennent exactement. Les surprises sont parfois heureuses, d’autres pas. Mais quand j’ai trouvé cette magnifique carte postale dans un lot qui contenait essentiellement des cartes représentant des plages états-uniennes (loin d’être toutes invitantes), j’ai tout arrêté. J’avais trouvé ma pépite du jour et l’avais mise de côté pour vous la montrer.
N’est-elle pas splendide cette danseuse balinaise?
Si vous voulez que la vie vous sourie, apportez-lui d’abord votre bonne humeur. (Baruch Spinoza)
*illustration de Marta Alvarez
Dans ta bouche
je veux me noyer
chaque bouée que j’agrippe
me donne le goût
de couler en toi
Éric Cormier, D’ici
*choix de la lectrice de Carl Schweninger der Jüngere
