Lali

30 octobre 2016

Poèmes comme ça 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 23:59

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Espoir

Voici bien longtemps que je n’ai
pas écrit de poème.
En ai-je écrit jamais
poétiques je veux dire?

Des paroles dans le vent
en espérant que le vent
est poète à ses heures
et nous prêtant sa voix
harmonise nos artifices.

Nos strophes seraient bien des branches
avec mille feuilles que l’air du large
fera parler peut-être un jour
où personne n’écoutera.

Car l’essentiel serait
qu’on écoute jamais
et qu’on ne sache pas
qui parle et qui se tait.

André Dhôtel, Poèmes comme ça

*choix de la lectrice de Belinda Del Pesco

Un dimanche avec Paul Valéry 10

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 20:01

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Le bois amical

Nous avons pensé des choses pures
Côte à côte, le long des chemins,
Nous nous sommes tenus par les mains
Sans dire… parmi les fleurs obscures;

Nous marchions comme des fiancés
Seuls, dans la nuit verte des prairies;
Nous partagions ce fruit de féeries
La lune amicale aux insensés

Et puis, nous sommes morts sur la mousse,
Très loin, tout seuls parmi l’ombre douce
De ce bois intime et murmurant;

Et là-haut, dans la lumière immense,
Nous nous sommes trouvés en pleurant
Ô mon cher compagnon de silence!

Paul Valéry, Poèmes

*toile d’Urszula Tekieli

Un dimanche avec Paul Valéry 9

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 18:01

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Si la plage planche, si
L’ombre sur l’œil s’use et pleure
Si l’azur est larme, ainsi
Au sel des dents pure affleure

La vierge fumée ou l’air
Que berce en soi puis expire
Vers l’eau debout d’une mer
Assoupie en son empire

Celle qui sans les ouïr
Si la lèvre au vent remue
Se joue à évanouir
Mille mots vains où se mue

Sous l’humide éclair de dents
Le très doux feu du dedans.

Paul Valéry, Poèmes

*toile d’Auguste Toulmouche

Un dimanche avec Paul Valéry 8

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 16:01

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À l’aurore

À l’aurore, avant la chaleur,
La tendresse de la couleur
À peine éparse sur le monde,
Étonne et blesse la douleur.

Ô Nuit, que j’ai toute soufferte,
Souffrez ce sourire des cieux
Et une immense fleur offerte
Sur le front d’un jour gracieux.

Grande offrande de tant de roses,
Le mal vous peut-il soutenir
Et voir rougissantes les choses
À leurs promesses revenir?

J’ai vu se feindre tant de songes
Sur mes ténèbres sans sommeil
Que je range entre mes mensonges
Même la force du soleil,

Et que je doute si j’accueille
Par le dégoût, par le désir,
Ce jour très jeune sur la feuille
Dont l’or vierge se peut saisir.

Paul Valéry, Poésies

*toile de Samuel van Hoogstraten

Un dimanche avec Paul Valéry 7

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 14:01

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Ô courbes, méandre,
secrets du menteur,
est-il art plus tendre
que cette lenteur?
Je sais où je vais,
je t’y veux conduire,
mon dessein mauvais
n’est pas de te nuire…
(Quoique souriante
en pleine fierté,
tant de liberté
la désoriente!)
Ô courbes, méandre,
secrets du menteur,
je vous faire attendre
le mot le plus tendre.

Paul Valéry, Poèmes

*toile de Spencer Venables

Un dimanche avec Paul Valéry 6

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 12:01

wallis-garces-isabel

Ces jours qui semblent vides
Et perdus pour l’univers
Ont des racines avides
Qui travaillent les déserts
La substance chevelue
Par les ténèbres élues
Ne peut s’arrêter jamais,
Jusqu’aux entrailles du monde,
De poursuivre l’eau profonde
Que demandent les sommets.

Patience, patience,
Patience dans l’azur!
Chaque atome de silence
Est la chance d’un fruit mûr!
Viendra l’heureuse surprise :
Une colombe, la brise,
L’ébranlement le plus doux
Une femme qui s’appuie,
Feront tomber cette pluie
Où l’on se jette à genoux!

Paul Valéry, Poèmes

*toile d’Isabel Wallis Garcés

Un dimanche avec Paul Valéry 5

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 10:01

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Quels secrets dans son cœur brûle ma jeune amie,
Âme par le doux masque aspirant une fleur?
De quels vains aliments sa naïve chaleur
Fait ce rayonnement d’une femme endormie?

Souffles, songes, silence, invincible accalmie,
Tu triomphes, ô paix plus puissante qu’un pleur,
Quand de ce plein sommeil l’onde grave et l’ampleur
Conspirent sur le sein d’une telle ennemie.

Dormeuse, amas doré d’ombres et d’abandons,
Ton repos redoutable est chargé de tels dons,
Ô biche avec langueur longue auprès d’une grappe,

Que malgré l’âme absente, occupée aux enfers,
Ta forme au ventre pur qu’un bras fluide drape,
Veille; ta forme veille, et mes yeux sont ouverts.

Paul Valéry, Poésies

*toile de Carlton Alfred Smith

En vos mots 499

Filed under: Couleurs et textures,En vos mots — Lali @ 8:00

boutard-anne-cecile

Comme c’est demain jour d’Halloween, la petite lectrice imaginée par l’illustratrice Anne Cécile Boutard s’est costumée pour l’occasion et a décidé de s’installer au pays de Lali pour la semaine, car elle adore lire vos poèmes et vos histoires. Et cette fois, c’est elle qui en sera l’héroïne, raison de plus pour elle et pour nous de se réjouir.

La suite vous appartient. Que déciderez-vous d’en faire? C’est ce que nous saurons dimanche prochain, lors la validation des textes en bloc. En vos mots vous appartient.

C’est vous qui faites vivre des tableaux, des illustrations et des sculptures livresques semaine après semaine. C’est vous qui illuminez tous les dimanches du pays de Lali.

Puisse cette illustration susciter de nombreux textes.

Vivement dimanche prochain pour la suite!

Un dimanche avec Paul Valéry 4

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 6:01

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Féerie

La lune mince verse une lueur sacrée,
Toute une jupe d’un tissu d’argent léger,
Sur les bases de marbre où vient l’Ombre songer
Que suit d’un char de perle une gaze nacrée.

Pour les cygnes soyeux qui frôlent les roseaux
De carènes de plume à demi lumineuse,
Elle effeuille infinie une rose neigeuse
Dont les pétales font des cercles sur les eaux…

Est-ce vivre?… Ô désert de volupté pâmée
Où meurt le battement faible de l’eau lamée,
Usant le seuil secret des échos de cristal…

La chair confuse des molles roses commence
À frémir, si d’un cri le diamant fatal
Fêle d’un fil de jour toute la fable immense.

Paul Valéry, Poésies

*toile d’Albert Williams

Un dimanche avec Paul Valéry 3

Filed under: À livres ouverts,Couleurs et textures — Lali @ 4:01

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La caresse

Mes mains chaudes, baigne-les
Dans les tiennes… Rien ne calme
Comme d’amour ondulés
Les passages d’une palme.

Tout familiers qu’ils me sont,
Tes anneaux à longues pierres
Se fondent dans le frisson
Qui fait clore les paupières

Et le mal s’étale, tant,
Comme une dalle est polie,
Une caresse l’étend
Jusqu’à la mélancolie.

Paul Valéry, Poésies

*toile de Florent Willems

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