
Charles Pollak a longtemps vécu avec ses souvenirs, ceux de son enfance et d’une partie de son adolescence. Ceux du fils d’un tailleur juif parisien né en Hongrie qui, un jour, bravera les interdits et fera en sorte de passer inaperçu en trouvant quelqu’un qui acceptera que la lettre J disparaisse des nouvelles cartes d’identité des siens. Oui, longtemps, Charles Pollak, fils de tailleur, a vécu avec ses souvenirs. Puis, soixante ans après une époque qui a marqué à jamais sa vie, il a rencontré Malika Ferdjoukh. Il lui a raconté son histoire, elle l’a écrite.
Cela nous donne un récit destiné aux adolescents qui s’appelle Taille 42. Un récit qui va continuellement du grave au léger, qui sait dresser en quelques lignes et anecdotes de vrais portraits, qui nous donne à suivre un enfant qui va grandir très vite alors qu’il aurait dû continuer à jouer aux billes et à aller au cinéma, un jeune adolescent appliqué à coudre des boutonnières, l’inventivité des uns et des autres, leur générosité aussi, alors que le jeune Charles tente de maîtriser le signe de croix afin de passer inaperçu tout comme il mange du jambon.
Un récit, disais-je, destiné aux adolescents, et qu’à la Grande Bibliothèque on a classé dans les rayons adultes comme jeunesse. Je n’ai absolument rien contre. Bien au contraire. Car je suis certaine que nombre d’adultes prendront plaisir à lire ce témoignage qui a quelques chose de souriant malgré les restrictions, malgré la faim, malgré l’exil. Et qui, de plus, offre un joli clin d’œil à la Canadienne que je suis et à qui la mère a parlé de ses cousins revenus du front après avoir libéré la France, la Belgique et les Pays-Bas.