Il lui semble les avoir entendues. Des remarques qui ne se voulaient pas méchantes, mais des remarques qui blessent tout de même. Des remarques qui parlaient d’une fille qui n’aurait jamais de Valentin, parce que « les mecs, ça les branche pas trop, les filles qui ont tout le temps le nez dans les bouquins. »
La lectrice de Jill Stefani Wagner sait qu’on parlait d’elle. Il n’y avait pas de besoin de prénom à ces remarques. Elle sait. Elle se reconnaît dans chacune d’entre elles. Et puis, celles-ci n’ont pas changé d’un iota depuis février de l’an dernier. Et sûrement que dans un an, ce sera encore et toujours les mêmes. Sorties des mêmes bouches.
Elle n’a relevé aucune de ces remarques. Elles font déjà suffisamment mal sans qu’il faille commencer un débat stérile et inutile. Elle n’a pas envie de « Si tu avais pas toujours un livre dans les mains, on te verrait… », « Tu sais, les intellectuelles, c’était la mode autrefois… », « Le seul qui te remarquera, c’est le boutonneux à lunettes qui traîne à la bibli… »
Elle a déjà entendu tout ça. Et les livres racontent de bien plus jolies choses que ses copines.