Elle seule peut savoir
À l’heure où, une fois de plus, je me retrouve avec mes toiles et mes histoires à inventer, je me suis un peu promenée au pays de Lali. Question de voir ce que j’ai pu raconter depuis novembre 2005. Et même si plus de 2200 toiles ont été accrochées au fil des jours, lesquelles j’ai racontées à ma manière, entremêlant ma propre réalité et des personnages fictifs, je me rends compte d’une évidence qui n’est pas pour me déplaire.
Comme dirait un vieil ami qui souffre de la même maladie, je suis une coq-à-l’âneuse, c’est-à-dire que je glisse d’un sujet à l’autre, d’un tableau à ce qui titille les papilles en passant par un livre ou un film. Et sans problème. Être autrement, enfin ai-je cette impression, ce serait me priver de m’exprimer comme j’ai envie de le faire, ce serait me mettre des contraintes comme en trouve dans les techniques de l’Oulipo (dont La disparition de Perec est un exemple. Or, je l’ai fait déjà pour la seule pièce de théâtre que j’aie écrite et montée il y a plus de vingt ans, où j’avais volontairement gommé le sexe de l’autre, autant que son âge ou son lien au seul personnage de la pièce. Libre alors d’y voir l’aimé(e) disparu(e) ou l’enfant ayant rompu des liens.
Je sais donc écrire avec des contraintes et je peux le faire à l’occasion. J’en tire une certaine satisfaction, mais pas toujours le plaisir que je trouve dans la liberté de faire selon mon humeur et mes coqs-à-l’âne.
L’écrivaine de Dominique Amendola, une artiste d’origine française, avec du sang italien par son père, qui a vécu au Québec dans les années 70 et installée en Californie dont on peut lire le blog ici, est peut-être en train de se faire les mêmes réflexions. Se mettre des balises contraignantes ou pas. Je lui dirais d’essayer les deux. Elle seule peut savoir ce qui lui convient.