Lali

5 février 2008

Tandis que…

Filed under: États d'âme,Couleurs et textures — Lali @ 22:10

faed

Et tandis que je griffonne sur des bouts de papier, dans des cahiers, sur les marque-pages et à l’endos des enveloppes, des idées pour tous ces lecteurs et lectrices dont je veux parler, les artistes continuent de les peindre ou de les modeler, de les déposer sur la toile pour que je les retienne, si bien que mon aventure sera sûrement inépuisable. Chose à laquelle je n’avais pensé à priori et qui me réjouit. Je peux donc, comme celle qui note une idée sur une feuille, peinte par Thomas Faed, continuer sur ma lancée. Il y aura toujours quelque part, des tableaux pour m’inspirer ou des personnages qui trouveront leurs tableaux.

Le défi

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 22:00

ub1

Elle voudrait bien leur faire aimer la poésie, leur faire aimer les écrivains, leur faire aimer l’art en général. Mais elle sait que ce ne sera pas facile et que ce n’est pas gagné. Bien sûr, Édouard, au premier rang, boira ses paroles. Elle le soupçonne d’ailleurs d’être un peu amoureux d’elle. Bien évidemment, Anne-Catherine la harcèlera de questions. Et sûrement que James , Ludivine et Estelle écriront tout ce qu’elle dit dans leurs cahiers.

Mais tout ça, c’est du tout cuit. Du trop facile. La professeure de français, du peintre Umberto Boccioni qui dans une lettre à un ami avait écrit que Tout le reste, en comparaison avec l’art, n’est que mesquinerie, routine, patience et souvenirs…, voudrait plutôt conquérir les trois gaillards qui font la garde au fond de la classe. Ces impassibles revenus de tout. Elle a choisi ceux-là pour défi. Sans savoir si elle sera en mesure de le relever. Mais avec la ferme intention de tenter le coup. Avec Hugo. Hugo et ce poème, précisément :

Il faut que le poète

Il faut que le poète, épris d’ombre et d’azur,
Esprit doux et splendide, au rayonnement pur,
Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,
Chanteur mystérieux qu’en tressaillant écoutent
Les femmes, les songeurs, les sages, les amants,
Devienne formidable à de certains moments.
Parfois, lorsqu’on se met à rêver sur son livre,
Où tout berce, éblouit, calme, caresse, enivre,
Où l’âme à chaque pas trouve à faire son miel,
Où les coins les plus noirs ont des lueurs du ciel,
Au milieu de cette humble et haute poésie,
Dans cette paix sacrée où croit la fleur choisie,
Où l’on entend couler les sources et les pleurs,
Où les strophes, oiseaux peints de mille couleurs,
Volent chantant l’amour, l’espérance et la joie,
Il faut que par instants on frissonne, et qu’on voie
Tout à coup, sombre, grave et terrible au passant,
Un vers fauve sortir de l’ombre en rugissant !
Il faut que le poète aux semences fécondes
Soit comme ces forêts vertes, fraîches, profondes,
Pleines de chants, amour du vent et du rayon,
Charmantes, où soudain l’on rencontre un lion.

Le jeu des lecteurs de journaux

Filed under: Couleurs et textures,Vraiment pas sérieux — Lali @ 20:48

idh

Il est parfois fascinant de regarder les lecteurs de journaux. Certains y vont avec minutie, débutant par la une et parcourant le journal sans laisser passer le moindre encadré. D’autres commencent par la fin. D’autres encore semblent faire du slalom en prenant soin d’éviter certaines pages. Et il y a ceux qui vont directement aux sections qu’ils affectionnent.

Ils ne savent pas que je les regarde, que j’examine leurs moindres gestes. Que je pousse même la chose jusqu’à un jeu innocent de deviner la lecture des uns et des autres à partir de la tête du client.

Celui peint par l’artiste venezuelien Ivan Dario Hernandez donne à penser qu’il va lire les pages consacrées à l’économie. Et c’est là que tout commence. Je m’approche. Je ne fais semblant de rien. Parfois, la première impression était juste. Mais, justement, pas toujours. Et c’est ça qui m’amuse le plus. De découvrir que le jeune homme sortant du gymnase que j’imaginias se précipitant sur les pages consacrées aux sports sera plutôt attiré par la chronique de disques. Et que celui-ci que j’imaginais attiré par l’économie est en pleine dégustation. Il lit la page des vins et des restaurants. Comme quoi.

La lectrice de magazines

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 19:22

hf

La lectrice d’Horst Freymann a enfin fini sa journée. Elle ne sait pas encore de quoi sera faite celle de demain. Elle sait seulement que ce soir, elle n’a envie que de magazines et de rien d’autre.

Elle me rappelle une Lali d’une autre époque, une Lali dévoreuse de Marie-Claire, d’ELLE, de Marie-France, de Cosmopolitan et de Glamour. Une Lali d’avant celle qui a collaboré à ELLE Québec. Une Lali qui avait vingt ans et des poussières et qui savait déjà qu’elle ne ressemblerait jamais à aucune des filles des magazines. Qui regardait les longs corps parfois squelettiques sans chercher à leur ressembler, comme la plupart des jeunes femmes qui étaient ses amies. Une Lali qui s’intéressait à bien autre chose. Aux chroniques littéraires, aux vies d’écrivains, à celles qui vivent ailleurs.

Et si elle ne lit pratiquement plus de magazines aujourd’hui – je ne parle pas ici des feuilles de choux relatant les potins de la scène artistique, qu’on retrouve dans les salons de coiffure -, c’est que ça lui a passé. Ça aussi. Et beaucoup d’autres choses. Et qu’Internet est arrivé.

La nuque de la lectrice

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:55

fj

Il a suffi qu’un jour un regard se pose sur sa nuque. Il a suffi qu’un jour ce regard décèle ce que d’autres n’avaient pas vu avant. Il a suffi qu’un jour un baiser soit déposé sur cette nuque, n’entravant pas sa lecture, mais s’ajoutant au plaisir du livre lu. Il a suffi que celui qui a embrassé son épaule dénudée la laisse lire en l’enlaçant pour que la lectrice de Frederick Jones se dise que ce héros au cœur et au regard si doux existait bel et bien hors des livres.

« Je suis en état », dit-il

Filed under: Couleurs et textures — Lali @ 6:34

despeignes

En lui, une faim qui ne le quitte pas. Il a tant à apprendre, tant à découvrir, tant à lire. Plus qu’un besoin et pas une question se survie. Le lecteur d’A. Despeignes dit « Un état ». Il dit « Je suis en état ». Et pour lui, ça signifie cet appétit, cette disponibilité à avaler des connaissances, à se nourrir de pages d’histoire, de mots inconnus et de grands auteurs. Et cet état est devenu celui du matin comme du soir. Un état qu’il quitte amèrement le matin – après l’avoir entretenu – pour aller vaquer à d’autres occupations et qu’il retrouve avec soulagement, le soir venu.