J’adore les vieux livres et les boutiques de livres d’occasion, à un tel point que je me demande pourquoi toutes les années où j’ai été libraire, je n’ai plutôt été au pays des livres qui avaient vécu plutôt qu’au pays des livres neufs. C’est à se demander… Vraiment.
Et je suis choyée, parce que Montréal est une ville où de telles libraires pullulent. On peut facilement passer des après-midi entiers à sillonner l’avenue du Mont-Royal ou la rue Saint-Denis, à la recherche de quelque trésor oublié. Quelque part trônant, ouvert, comme celui peint par Farigh Ghaderi, ou dissimulé, attendant son heure pour revivre à nouveau dans d’autres lieux, dans d’autres mains.
J’aime aussi, quand je fréquente ces librairies, regarder les gens qui les fréquentent. J’ai toujours vu chez eux beaucoup plus de nonchalance, de patience, de curiosité, que chez les clients de librairies de livres neufs. On ne fréquente pas ces lieux pour trouver le livre à la mode, mais plutôt ce qu’on pensait ne jamais trouver.
Rarement sont-ils pressés. Demandez à Armando qui aime s’y attarder, il vous racontera sûrement sa passion pour ces endroits. Il n’est pas le seul. Il y a dans ces endroits bien plus que des gens cherchant à faire des aubaines. Il y a souvent dans ces lieux, quelquefois mal rangés et poussérieux, plus de gens que dans ces grandes surfaces interchangeables. Il y a dans ces lieux de véritables amoureux des livres, libraires comme bibliophiles.