Ce que mots vous inspirent 849
Si ton corps s’incline, ce n’est pas le vent qui le ploie, mais les paroles, les silences qui l’habitent. (Max Alhau)
*toile de Brian Dunlop
Si ton corps s’incline, ce n’est pas le vent qui le ploie, mais les paroles, les silences qui l’habitent. (Max Alhau)
*toile de Brian Dunlop
errance du lendemain
chaque geste n’existe pas vraiment
demain comme hier notre dernière heure sait se
rappeler e l’errance de nos regards
au premier jour de l’apparition des mains à chaque
hémisphère de nos larmes
sans savoir ni dire ni écrire ce que chaque moment
instable nous portait à rire
mes doigts reconnaîtraient la couleur de ta peau
mes mains ode à tes seins
Pierre Labrie, À minuit. Changez la date
*choix de la lectrice de Fongwei Liu
Est-ce l’éditeur ou l’auteur qui a choisi de désigner Un Juif pour l’exemple sous l’épithète de roman? Le livre de Jacques Chessex, auteur que je n’avais pas lu depuis l’université — dans le cadre d’un cours sur la littérature suisse, me semble bien davantage un récit qu’un roman, l’auteur relatant ici un crime qui s’est déroulé à Payerne, dans le canton de Vaud, son village natal, en 1942.
D’un ton froid, presque distant, le narrateur relate les faits entourant l’assassinat d’Arthur Bloch, Juif désigné par une poignée de Suisses nazis et antisémites de la région dans un récit entrecoupé par ses réflexions ou par des citations de Vladimir Jankélévitch.
L’enfant que Jacques Chessex était à l’époque (il est né en 1934) est resté marqué par ce crime qu’il a porté en lui pendant plus de soixante ans avant de se décider à en laisser la trace, à l’inscrire dans l’Histoire plutôt que laisser le temps en faire une anecdote banale qu’on finira par déformer ou simplement oublier. Pour cette raison, le livre devient nécessité. Urgence. Et si le ton peut sembler distant, c’est parce que ça fait encore mal cette violence alors qu’un homme n’est pas seulement tué mais dépecé comme les bêtes qu’il achetait puis vendait. On n’enterre jamais de tels souvenirs si on ne les écrit pas.
Par contre, il n’est pas certain que cette façon de livrer ce qui est arrivé à Payerne en 1942 atteigne vraiment son but. Le livre fermé, le lecteur se dit qu’il a découvert une facette de la Suisse qu’il ne connaissait pas, ce pays ayant toujours été montré dans les livres et dans les films comme une terre d’asile pour les fuyards, qu’ils soient Juifs ou résistants. Mais au-delà de ça, on peut se demander s’il sera touché, bouleversé. Je ne sais pas. Vraiment pas.
Il suffit, pour faire le tour du monde sans bagages et sans prendre l’avion, de participer au projet intitulé Postcrossing qui vous fait voir du pays grâce à un réseau d’échange international de cartes postales.
Cette initiative qui a pris naissance au Portugal il y a plusieurs années ne cesse de faire des adeptes de tous les âges et de tous les coins du monde. C’est avec plaisir que j’ai repris l’expérience après une interruption de plusieurs mois en postant une carte postale à l’attention d’une préposée aux bénéficiaires d’une maison de retraite qui en a fait une activité qui ravit nombre de ceux qui n’ont plus de famille et qui reçoivent ainsi du courrier qui leur fait découvrir des villes, des parcs, des plages…
Pour vous donner le goût de faire comme moi, cette carte postale qui m’est arrivée de Russie il y a quelques semaines.
Lorsque deux forces sont jointes, leur efficacité est double. (Isaac Newton)
*illustration de Mary Mayo
je sais que la nuit n’est plus ce qu’elle était
ta voix précipite le jour dans la conception du mien
ton sourire n’a pas de lieux fixes
l’orbite sensible du bruit s’épuise
et il reste libre
Pierre Labrie, À minuit. Changez la date
*choix de la lectrice d’Ossip Lubitch
— Il faut bien que tout le monde vive!
— Je n’en vois pas la nécessité!
rétorqua Barbey d’Aurevilly, le « Connétable des lettres », qui pouvait se montrer cinglant à l’égard de ceux qu’il considérait comme des médiocres.
Jean-Pierre Colignon, Du tac au tac!
*toile de Liza Hirst
— Cela vous gênerait-il que je fume? demanda George Bernard Shaw à Sarah Bernhardt.
La comédienne rétorqua :
— Cela ne me dérangerait même pas que vous brûliez…
Jean-Pierre Colignon, Du tac au tac!
*toile de Douglas Gray
— Quel est le point commun entre tous les hommes que vous avez aimés?
demande-t-on à Jeanne Moreau.
Confirmant qu’elle est loin d’être la plus sotte des comédiennes, l’interprète d’Eva répondit immédiatement :
— Moi!
Jean-Pierre Colignon, Du tac au tac!
*toile de Linda Apple
Félix Kir, le fameux chanoine, roulait les « r » en vrai Bouguignon. Cet accent lui valut un jour l’ironie de trois jeunes gens installés dans le même compartiment du train qui menait à Paris :
— Alors, monsieur le chanoine, on va à « Parrris » avec trois « r »?!
— Non, avec trois ânes!
Jean-Pierre Colignon, Du tac au tac!
*toile d’Elaine Sturm